République Dém. du Congo
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Un défenseur des droits humains menacé de mort

A la suite d’une réunion avec le Ministre congolais des droits humains, au cours de laquelle il a évoqué une série d’activités de plaidoyer en préparation pour dénoncer l’impunité d’un haut responsable militaire ayant récemment pris ses fonctions de commandement à Kisangani, Dismas Kitenge – Président du Groupe Lotus – a reçu des menaces de mort via des appels téléphoniques depuis début septembre 2020.
Dimas Kitenge
Le 20 / 10 / 2020

A la suite d’une réunion avec le Ministre congolais des droits humains, au cours de laquelle il a évoqué une série d’activités de plaidoyer en préparation pour dénoncer l’impunité d’un haut responsable militaire ayant récemment pris ses fonctions de commandement à Kisangani, Dismas Kitenge – Président du Groupe Lotus – a reçu des menaces de mort via des appels téléphoniques depuis début septembre 2020.

 

Dismas Kitenge est l’un des défenseurs des droits humains les plus actifs pour dénoncer l’impunité des criminels passés. L’organisation de défense des droits humains qu’il préside : le Groupe Lotus, basé à Kisangani, a documenté, à travers plusieurs rapports, de nombreuses et graves exactions commises durant la période 1998-2002, période durant laquelle le haut responsable militaire nouvellement affecté à Kisangani aurait été présent au sein de la rébellion Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma) et aurait été mêlé à de graves violations des droits humains, restées à ce jour impunies.

Le Groupe Lotus mène régulièrement des campagnes de plaidoyer afin que vérité, justice et réparations puissent être apportées aux victimes et leurs proches. Les menaces de mort proférées à l’encontre de Dismas Kitenge et des membres de sa famille laissent penser que des personnes veulent le dissuader à se mobiliser en faveur de la lutte contre l’impunité et préfèreraient que le passé reste enfoui. Le 19 septembre 2020, le défenseur a saisi le Procureur de la République près le Tribunal de Grande instance de Kisangani par une plainte contre x, demandant l’identification et la poursuite en justice l’auteur des menaces de mort.

 

Vous souhaitez vous mobiliser pour demander la protection de Dismas Kitenge et de sa famille et une enquête rigoureuse afin d’identifier et juger le ou les auteurs des menaces de mort :


- Téléchargez la lettre, personnalisez-la avec vos coordonnées et adressez-la au Ministre congolais des droits humains par courriel ou voie postale. Vous pouvez également adresser une copie de votre lettre à l'ambassade de la RDC en France

- Tweetez, postez sur Facebook, faites-le savoir autour de vous !

 

CONTEXTE

 

De 1996 à 1998, la République démocratique du Congo (RDC) est traversée par une première guerre régionale, durant laquelle les États voisins – essentiellement l’Ouganda et le Rwanda – soutiennent un groupe rebelle congolais, l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Zaïre (AFDL), qui réussit à chasser le général Mobutu Sese Seko du pouvoir après trente-deux années de règne sans partage. En 1998, une Seconde guerre du Congo voit s’affronter sept pays africains regroupés en deux coalitions. Les groupes rebelles congolais se multiplient alors dans l’est du pays en fonction des renversements d’alliances entre les pays belligérants, des intérêts ethniques, politiques et économiques.

En dix ans, l’ensemble des parties aux conflits - groupes rebelles congolais et étrangers, forces armées nationales congolaises, ougandaises, burundaises, angolaises, rwandaises, tchadiennes et zimbabwéennes - se rendent coupables de graves et massives violations des droits humains. La plupart de ces exactions, qualifiées de crimes contre l'humanité et de crimes de guerre, ont été documentées dans le « Rapport Mapping » des Nations unies, publié le 1er octobre 2010.

 

Que dit le Rapport Mapping à propos des exactions commises à Kisangani entre 1998 et 2002 ?

Entre août et septembre 1998, les militaires des armées nationales rwandaises (Armée patriotique rwandaise, APR) et ougandaises (Forces de défense du peuple ougandais/Uganda Peoples Defence Forces, UPDF) prennent le contrôle de la quasi-totalité de la province Orientale.

En août 1999, la crise latente entre le Rwanda et l’Ouganda pour le contrôle de la ville de Kisangani – qui occupe une position militaire stratégique au carrefour du fleuve Congo et des rivières Tshopo et Lindi, entre l’est et l’ouest de la RDC, abrite les aéroports clés de Simi-Simi et Bangboka et un marché de diamants lucratif – dégénère en conflit ouvert. Du 14 au 17 août, les militaires de l’APR et de l’UPDF font usage d’armes lourdes dans des zones à forte densité de population civile. Ces combats provoquent la mort de plus de 30 civils et blessent plus d’une centaine d’autres.

La province Orientale se retrouve ensuite divisée entre une « zone rwandaise » sous contrôle du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD-Goma) et une « zone ougandaise » dominée par d’autres mouvements armés soutenus par Kampala.

En mai 2000, la tension entre les armées ougandaise et rwandaise monte à nouveau d’un cran à Kisangani : L’UPDF renforce ses positions militaires au nord-est de la ville et l’APR achemine de l’armement supplémentaire. Le 5 mai, l’APR et l’UPDF font usage d’armes lourdes dans des zones à forte densité de population, causant la mort de plus de 24 civils et en blessant un nombre indéterminé d’autres.

Entre le 5 et le 10 juin 2000, l’APR et l’UPDF s’affrontent encore plus violemment à Kisangani : les deux camps se livrent à des attaques indiscriminées à l’arme lourde, tuant entre 244 et 760 civils selon les sources, en blessant plus de 1 000 et provoquant le déplacement de milliers de personnes. Plus de 400 bâtiments et résidences privées sont gravement endommagés, notamment la cathédrale catholique Notre-Dame. A la suite de ces affrontements, l’armée ougandaise quitte Kisangani et ses environs et le RCD-Goma prend contrôle du territoire.

Deux années plus tard, alors que la ville de Kisangani est encore totalement sous contrôle de la rébellion congolaise, soutenue et encadrée par le Rwanda, un groupe de militaires et de policiers sans dirigeant identifié appellent, le 14 mai 2002, les forces de sécurité du RCD-Goma à se mutiner. Ils incitent également la population à tuer les Rwandais présents en ville. Plusieurs civils non-identifiés, répondant à l’appel des mutins, tuent au moins six personnes (Rwandais, personnes d’origine rwandaise et personnes leur ressemblant). Au cours de la journée, les militaires du RCD-Goma reçoivent des renforts en provenance de Goma et reprennent le contrôle de la ville. S’ensuit une répression sanglante : Entre le 14 et le 22 mai 2002, des éléments du RCD-Goma tuent au moins 276 civils et en blessent des centaines d’autres, notamment dans les quartiers de la commune de Mangobo, au camp Ketele, à l’aéroport de Bangoka et au pont Tshopo. Au cours des opérations de ratissage, les militaires commettent un nombre indéterminé de viols et pillent les biens de nombreux civils. De nombreux corps sont jetés dans la rivière Tshopo, certains après avoir été mutilés et éventrés. A la suite de ces événements, le Groupe Lotus publie un rapport dénonçant les crimes du RCD-Goma et pointe la responsabilité individuelle de plusieurs de ses commandants.

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