Cookie Consent par FreePrivacyPolicy.com
Tunisie
Actualité

Taoufik Elaïba : l’inexplicable oubli

Le 14 janvier, la Tunisie fêtera le cinquième anniversaire de la révolution. À cette occasion, le président de la République va, comme chaque année, gracier des prisonniers. Taoufik Elaïba, emprisonné depuis plus de six ans sur la base d’aveux forcés, doit impérativement en bénéficier.
IMG_3974
Pétitions en faveur de la libération de Taoufik Elaïba reçues par l'ACAT en 2015
Le 05 / 01 / 2016

Le 14 janvier, la Tunisie fêtera le cinquième anniversaire de la révolution. À cette occasion, le président de la République va, comme chaque année, gracier des prisonniers. Taoufik Elaïba, emprisonné depuis plus de six ans sur la base d’aveux forcés, doit impérativement en bénéficier.

Tuniso-canadien père de quatre enfants, Taoufik Elaïba a été arrêté le 1er septembre 2009, par la garde nationale de l’Aouina (banlieue de Tunis). Il a été torturé dans les locaux de la garde nationale pendant les six premiers jours de sa garde à vue, jusqu’à ce qu’il signe des aveux. Ses interrogateurs l’ont notamment passé à tabac à plusieurs reprises. Il a été électrocuté, aspergé d’eau chaude et froide, soumis au supplice de la falaqa, etc.

Onze jours après son arrestation, Taoufik Elaiba a été présenté devant un juge d’instruction auprès duquel il a dénoncé les tortures subies. Ce dernier n’a pas pris acte de ses allégations. Le 31 octobre 2011, il a été condamné à 22 ans d’emprisonnement pour trafic de voitures sur la base d’aveux obtenus sous la torture, peine réduite à sept ans en appel.

Après plusieurs plaintes pour torture déposées par ses avocats, une enquête a finalement été ouverte plus de 32 mois après ces sévices, pour finalement être de facto abandonnée deux mois plus tard.

C’est pourquoi en juin 2013, l’ACAT et son partenaire suisse TRIAL ont déposé une plainte devant le Comité contre la Torture de l’ONU.

Jusqu’à présent, malgré les nombreuses interpellations de l’ACAT et des autorités canadiennes, toutes les demandes de libération de Taoufik Elaïba sont restées lettres mortes. L’inaction des autorités tunisiennes est patente et incompréhensible.

Depuis mai 2015, l’ACAT a demandé à plusieurs reprises un rendez-vous à l’ambassade de Tunisie en France pour remettre des milliers de pétitions demandant la libération de Taoufik Elaïba. L’ambassade fait la sourde oreille.

Ne laissons pas Taoufik Elaïba tomber dans l’oubli. Restons mobilisés !

Contexte

La torture, un fléau persistant

Le cauchemar subi par Taoufik Elaïba est emblématique du phénomène tortionnaire tunisien qui perdure aujourd’hui encore. Des dizaines, voire des centaines de Tunisiens ont déjà été torturés dans le cadre de la lutte antiterroriste qui a repris début 2012. Des personnes sont aussi torturées lors d’actions de répression de manifestations, après avoir eu une altercation avec un policier ou encore en prison, après une dispute avec un gardien.

L’une des principales raisons de la survivance de la torture pendant la garde à vue réside dans le fait que le détenu est isolé, sans droit à l’assistance d’un avocat. Une autre raison est la persistance de l’impunité.

L’impunité, encore et toujours

La lenteur de la justice et le manque de diligence dont a fait preuve le juge ayant enquêté sur la torture subie par Taoufik Elaïba sont caractéristiques des nombreuses entraves à la lutte contre l’impunité. Les plaintes pour torture demeurent souvent sans suite. Si une enquête est finalement diligentée, elle l’est la plupart du temps tardivement, ce qui laisse aux traces de coups le temps de s’estomper. De plus, elle est généralement insuffisante et ne se matérialise qu’à travers deux ou trois actes d’enquête suivis d’un abandon de facto. Les victimes sont parfois harcelées par des policiers pour les forcer à retirer leur plainte et les agents mis en cause sont souvent protégés par leur hiérarchie.

Pour en savoir plus sur la torture et l’impunité en Tunisie

Télécharger la lettre

 

Articles associés

Communiqué
Zaki-Hannache
AlgérieTunisie

Contre l'extradition de Zakaria Hannache vers l'Algérie

Le 14 / 03 / 2023
L'ACAT-France et 16 autres organisations de défense des droits humains contestent l'extradition de Zakaria Hannache vers l'Algérie depuis la Tunisie, où il est actuellement réfugié. En Algérie, Zakaria Hannache documentait les poursuites engagées à l'encontre des militants du mouvement Hirak. Son expulsion l'expose à des risques de torture.
Communiqué
prison-2
Émirats arabes unisBahreïnAlgérieÉgypteSahara OccidentalIranIrakIsraëlJordanieKoweïtLibanLibyeMarocOmanPalestineQatarArabie SaouditeSyrieTunisieYémen

COVID-19 : Appel à protéger les prisonniers de la Région ANMO

Le 24 / 03 / 2020
À la lumière de la pandémie de COVID-19 − qualifiée « d'urgence de santé publique de portée internationale » par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) − nous, les organisations soussignées, exprimons notre vive inquiétude quant à la situation des détenu·e·s et des prisonnier.e.s dans la région de l'Afrique du Nord et du Moyen-Orient (ANMO). Si certains États de la région ont pris des mesures positives pour protéger la population dans son ensemble, la population carcérale reste particulièrement exposée à la propagation du virus.
Actualité
tunisie_rached_jaidane_mer_1
Tunisie

Rached Jaïdane attend toujours que justice soit faite

Le 23 / 05 / 2019
Après quatre audiences devant la Chambre criminelle spécialisée de Tunis, Rached Jaïdane doit attendre 6 mois pour la reprise de son procès. Mais les menaces qui pèsent sur le processus de justice transitionnelle se font plus menaçantes.