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Un défenseur des droits de l’homme détenu au secret

Amin Mekki Medani a été arrêté à son domicile par des agents de renseignement le 6 décembre 2014. Il est détenu au secret.
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Le 23 / 12 / 2014

Le 6 décembre 2014, à Khartoum, Amin Mekki Medani – président de l’Alliance des organisations soudanaises de la société civile – a été arrêté à son domicile par des agents du Service national de la sûreté et du renseignement (National Intelligence and Security Services-NISS). Au moment de son arrestation, il n’a pas été informé des charges retenues contre lui. Sa famille n’a pas été informée du lieu de sa détention. Depuis maintenant 23 jours,  M. medani, âgé de 76 ans, est détenu au secret, sans inculpation.

Amin Mekki Medani a été arrêté peu après son retour d’Addis-Abeba. Au nom de l’Alliance des organisations soudanaises de la société civile, il s’était rendu dans la capitale éthiopienne afin de rencontrer d’autres soudanais, représentants de la société civile, de partis d’opposition et de groupes armés d’opposition. Ensemble, ils avaient signé « l’appel du Soudan », un engagement à œuvrer à mettre un terme aux conflits dans le pays, notamment au Darfour. Deux opposants soudanais – Farouk abu Issa et Farah Ibrahim Mohamed Alagar - ont également été arrêtés à leur retour d’Addis-Abeba, les 6 et 7 décembre 2014, en raison de leur participation à « l’appel du Soudan ».

Le 18 décembre 2014, le Parlement européen a adopté une résolution concernant la situation de M. Medani, dans laquelle le Parlement indique : « l’arrestation de M. Medani est représentative des politiques répressives exercées par les autorités soudanaises pour empêcher le débat politique légitime, pour restreindre la liberté d’opinion, d’expression et d’association ». Le Parlement européen demande sa libération immédiate et inconditionnelle. De nombreuses organisations de défense des droits de l’homme, dont l’ACAT, le demande aussi.

Contexte

Un régime autoritaire sur la défensive

Le 30 juin 1989, Omar el-Béchir prenait le pouvoir par un coup d’Etat sans effusion de sang. Aujourd’hui, le pays est : en proie à des conflits armés internes violents (Darfour et Kordofan), isolé sur le plan international et croule sous une dette de plusieurs milliards de dollars. Avec la partition du Soudan et la création du Soudan du Sud en 2011, le pays a en effet perdu 75 % de ses revenus pétroliers et la livre soudanaise a été dévaluée de 60 %. En septembre 2013, l'impopularité du régime est devenue criante à Khartoum avec les émeutes contre la vie chère. Les forces de l'ordre ont tiré à balles réelles pour y mettre un terme. Bilan : plus de 200 morts. Omar el-Béchir, 70 ans, sera candidat à sa réélection en avril 2015, les deuxièmes élections présidentielles depuis son arrivée au pouvoir. L'opposition avait boycotté les premières en 2010. Omar el-Béchir est le seul président en exercice au monde à être poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI). Depuis 2009, il est en effet inculpé pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide au Darfour, région de l'ouest du Soudan plongée dans une crise sans fin depuis 2003. En 2014, du fait des affrontements intertribaux omniprésents, des centaines de milliers de personnes ont dû fuir leurs villages au Darfour, s'ajoutant aux deux millions de personnes déplacées les années précédentes. Si  Omar el-Béchir perd le pouvoir, il peut craindre que son successeur ne le livre à la CPI afin de rompre l'isolement du Soudan. Il peut toutefois compter sur deux bras sécuritaires redoutables : à Khartoum, le Service national de la sûreté et du renseignement (NISS) et au Darfour et dans le Kordofan, les Rapid Support Forces (RSF), le nouveau nom des anciennes milices Janjawid de sinistre mémoire. Leurs membres recourent fréquemment à la torture.

Pour davantage d’information sur les droits de l’homme au Soudan :

Vous pouvez agir auprès des autorités soudanaises en envoyant cette lettre.

 

 

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