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Mauritanie
Actualité

Arrestation arbitraire du président d’une ONG de lutte contre l’esclavage

Le 11 novembre 2014, M. Biram Dah Abeid, président de l’association IRA-Mauritanie, a été arrêté par des éléments des forces de l’ordre à Rosso
Biram Dah Abeid
Le 17 / 11 / 2014

Le 11 novembre 2014, M. Biram Dah Abeid, président de l’association Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie (IRA) et ancien candidat à la présidentielle, a été arrêté par des gendarmes à Rosso, ville située à  200 km au sud de la capitale Nouakchott. Sept autres défenseurs des droits de l’homme ont été arrêtés avec lui.

Depuis le 7 novembre 2014, l’IRA, en plus de ses activités de lutte contre l’esclavage, organise une caravane pour dénoncer les expropriations de terres des membres de la communauté Harratine (musulmans négro-mauritaniens victimes d’esclavage) au profit de membres de la communauté Bidhan (musulmans arabo-berbères, dont certains sont esclavagistes). Plusieurs villages de la vallée du fleuve Sénégal ont été visités par cette caravane. Le 11 novembre au matin, alors que M. Dah Abeid s’apprêtait à rentrer dans la ville de Rosso, des gendarmes l’ont arrêté avec six autres membres de l’IRA et le président de l'ONG Kawtal. Ces défenseurs des droits de l’homme ont été placés en détention à la gendarmerie et à la direction de la Sûreté de Rosso. Plusieurs d’entre eux auraient été frappés.

Ce n’est pas la première fois que des militants de l’IRA sont soumis à des violences et des intimidations. Déjà arrêté dans le passé, M. Dah Abeid avait prévu d’aller en Europe courant novembre pour y recevoir des soins et poursuivre ses actions de plaidoyer en faveur de la lutte contre l’esclavage en Mauritanie. Il avait notamment prévu de rencontrer l’ACAT-France à Paris. Mais cela a été annulé eu égard à son arrestation. M. Dah Abeid avait reçu le prix des Nations unies pour les droits de l’homme le 10 décembre 2013.

 

Contexte

Une nouvelle vague de répression contre l’IRA et ses membres

Depuis fin octobre dernier, les membres de l’IRA font l’objet d’une nouvelle vague d’intimidations, de menaces de mort, d’arrestations et de harcèlements judiciaires du fait de leurs actions. Le 23 octobre 2014, M. Dah Abeid a tenu une conférence de presse à Nouakchott, au cours de laquelle il a mis en avant la récente mobilisation d’associations et d’élus à Chicago (États-Unis) pour dénoncer la persistance de l’esclavage en Mauritanie. Dès le lendemain, l’imam de la grande mosquée de Nouakchott – issu de la communauté Bidhan - qualifia l’IRA et M. Dah Abeid d’impies, d’apostats et d’ennemis de l’islam. Les injures de l’imam provoquèrent la colère des Harratines et une vive altercation entre ces derniers et des membres des communautés arabo-berbères. Dans la soirée, trois membres de l’IRA sont arrêtés, puis inculpés de « perturbation de la prière, incitation à la haine et à la rébellion et agression contre les forces de l’ordre » et envoyés à la prison de Dar Naim, tristement célèbre pour la torture qui y est pratiquée.

Dans les jours qui suivent, la répression contre l’IRA s’est accentuée : interdiction de sit-in de soutien aux personnes arrêtées, nouvelles arrestations, fermeture du siège de l’IRA.

Malgré son abolition officielle en 1981 et sa criminalisation en 2007, l’esclavage reste une pratique endémique en Mauritanie et les esclavagistes jouissent trop souvent d’une impunité notoire qui met en danger les victimes et les défenseurs qui les soutiennent.  

 

Pour de plus amples informations sur la Mauritanie :

Vous pouvez agir auprès des autorités mauritaniennes en envoyant cette lettre.

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