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Interpelons le Président Macron sur la visite d’Al-Sissi

Lundi 7 décembre doit commencer une visite de deux jours par le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi en France alors que trois semaines auparavant, trois directeurs d’une des dernière ONG de défense des droits humains encore active dans le pays ont été arrêtés. La France ne peut pas rester silencieuse.
Présidents Macron et Sissi lors du G7 à Biarritz en Août 2019
Présidents Macron et Sissi lors du G7 à Biarritz en août 2019 (Photo : Présidence égyptienne)
Le 03 / 12 / 2020

Entre le 15 et le 19 novembre, les forces de sécurité égyptiennes ont arrêté le directeur exécutif de l'Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR), Gasser Abdel-Razek, ainsi que Karim Ennarah et Mohamed Basheer, le directeur administratif et le responsable du programme Justice pénale de l’ONG. Ces arrestations auraient eu lieu en représailles directes à une réunion début novembre entre l'EIPR et des diplomates étrangers, dont la représentation diplomatique française au Caire. Ils sont actuellement en détention préventive sur la base d’accusation mensongère d’activités de terrorisme, des charges systématiquement utilisées contre les activistes et défenseur.e.s des droits humains.

Quelques jours plus tard, un juge ajoutait 28 personnes à la liste de terroristes, dont des militants et défenseurs comme Alaa Abdel-Fattah mais aussi Mohamed ElBaker ainsi qu’un certain nombre d’opposants politiques comme Abdel-Monaem Abul Fetouh ou Mohammed el-Kassas, tous déjà emprisonnés. Un autre activiste et défenseur, Ramy Shaath, a également été injustement ajouté sur cette liste plusieurs mois auparavant, alors que son épouse française mène une campagne intense tant en France qu’à l’international pour sa libération comme pour celle des autres prisonniers de conscience en Égypte.

C’est dans ce contexte de répression permanente que le président égyptien Abdel Fattah Al-Sissi effectuera une visite en France de deux jours, du 7 au 8 décembre 2020. Depuis de trop nombreuse année la diplomatie française fait preuve d’indulgence sur la répression brutale du président al-Sissi contre toute forme de dissidence. Ce silence coupable doit cesser et le président Macron doit tout entreprendre pour obtenir la libération des prisonnier.e.s de conscience avant le déroulement de la visite, autrement son engagement proclamé en faveur des droits humains en Égypte sera discrédité et la crédibilité de la France, tout juste élue au Conseil des droits de l’Homme, irrémédiablement entachée.

 

 

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 CONTEXTE

Depuis la reprise du pouvoir par le régime militaire en 2013, l’Egypte connaît une dégradation extrêmement préoccupante en matière de droits humains. Pourtant, avec la Révolution du 25 janvier 2011, un espoir était né pour les Egyptiens rêvant d’un pays plus respectueux de la dignité humaine et de l’état de droit. Cependant, l’establishment militaire a toujours réussi à garder la main sur les affaires, empêchant ainsi tout pouvoir indépendant et démocratique de s’établir tout en utilisant habilement les failles et les erreurs des nouveaux dirigeants. La situation a définitivement basculé le 14 août 2013 lorsque les forces de sécurité, sous le commandement du Général Abdelfattah al-Sissi, ont attaqué les partisans du président Mohamed Morsi rassemblés sur les places de Rabaa et Ennahda au Caire, faisant entre 800 et 1000 morts selon différentes organisations de droits humains.

Très vite, al-Sissi s’est imposé comme l’homme fort de l’Egypte et a réussi à se faire élire en 2014, puis à nouveau en 2018, remportant à chaque fois 97% des voix. De nouveaux amendements constitutionnels adoptés en avril dernier permettent à al-Sissi de rester au pouvoir jusqu’en 2030 tout en faisant de l’armée « la garante de la démocratie, de la Constitution et du caractère civil de l’État ». Cette modification entérine ainsi la possibilité pour l’armée d’intervenir à tout moment dans la vie politique, en s’opposant par exemple à des résultats électoraux qu’elle considérerait comme menaçant la démocratie, constitutionnalisant ainsi le coup d’état militaire.

Entre-temps, le régime s’est attaqué à toute opposition en commençant par les Frères musulmans, désignés comme groupe terroriste et dont est issu Mohamed Morsi – le premier président égyptien élu démocratiquement et décédé en détention en 2019. Les autres mouvements politiques démocratiques, de gauche ou laïcs subissent également la répression. Les militaires s’en prennent aussi aux médias indépendants ainsi qu’aux activistes et défenseur.es des droits humains. Les autorités les accusent habituellement d’assistance à une organisation terroriste, d’appartenance à un groupe terroriste ou encore de diffusion de fausses informations menaçant la sécurité de l’Etat.

En invoquant des liens supposés avec les Frères musulmans, le pouvoir poursuit ainsi des personnalités de la société civile, des défenseur.es des droits humains et des membres de mouvements politiques laïcs ou de gauche devant des tribunaux spéciaux dit de la Sûreté de l’Etat, qui traitent des affaires terroristes avec comme conséquence des violations graves et systématiques des droits des détenus (détention arbitraire, torture et mauvais traitements, procédure judiciaire inique…). Parallèlement, la menace terroriste ne diminue pas et le régime y répond par toujours plus de répression : arrestations arbitraires, recours à la torture, procès inéquitables, condamnations à morts et exécutions, disparitions forcées et exécutions extra-judiciaires deviennent courants voire systématiques, entraînant encore plus de radicalisation.

Après la vague d’arrestations en juin 2019 dans le cadre de l’affaire dite de l’Espoir, l’Egypte a connu des manifestations inédites les 20 et 21 septembre 2019. Le régime a réagi par une campagne d’arrestations massives sans précédent, entre 2500 et 4000 personnes arrêtées selon différentes sources. Parmi elles, on compte de nombreuses figures de l’opposition, des militant.es politiques ainsi que des avocats et des défenseur.es des droits humains comme Mohamed El-Baker.

La crise du Covid-19 marque une nouvelle détérioration de la situation des droits humains en Égypte en plus de l’aggravation de la situation économique et sanitaire. D’une part, le régime profite de la crise pour attaquer une nouvelle fois les militant.e.s et journalistes qui expriment un avis critique sur la gestion de la crise par les autorités égyptiennes. D’autre part, les conditions de détention des prisonniers sont rendues encore plus difficiles. Les visites des familles et des avocats sont régulièrement suspendues sans que soit toujours proposé des moyens de communication alternatifs. Pendant un temps, les vêtements, affaires et paniers repas des familles n’étaient plus acceptés. De plus, les mesures d’endiguement du coronavirus ne semblent pas être à la hauteur des enjeux, étant donné la promiscuité et la surpopulation carcérale en plus des conditions sanitaires largement dégradées. Enfin, la plupart des détentions provisoires ont pour la grande majorité été renouvelées de manière automatique sans audience, en l’absence des prisonniers et sans audition des avocats.

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