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Disparus de la famille Muñoz : les recherches doivent continuer !

Huit hommes de la famille Muñoz ont disparu il y a près de huit ans. Les analyses de fragments osseux susceptibles de leur appartenir n’ont rien donné. Les proches demandent aux autorités de poursuivre la recherche de leurs disparus, en vie et sans vie.
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CREDITS : ©CEDHEM
Le 15 / 04 / 2019

Le 19 juin 2011, la famille Muñoz était réunie à Anáhuac dans la commune de Cuauhtémoc (Chihuahua) pour la fête des pères. Il y a eu une altercation avec un individu qui tirait des coups de feu à proximité de leur résidence, puis avec des policiers municipaux qui refusaient d’intervenir. Quelques heures plus tard, un commando est venu embarquer huit hommes de la famille. Plusieurs éléments laissent penser qu’il s’agissait de policiers (un insigne visible, des communications par codes et radios à ondes courtes), mais les autorités ont toujours nié l’arrestation, et les proches sont toujours sans nouvelles des disparus.

Dans les années qui ont suivi, de nombreux fragments osseux ont été retrouvés dans trois fermes de communes avoisinantes. Les proches des disparus Muñoz, et d’autres disparus de la région, ont attendu longtemps que ces restes soient analysés. Ce sont finalement des experts indépendants et expérimentés de l’Équipe argentine d’anthropologie légiste (EAAF) qui ont pu s’en charger à compter de 2017. En janvier dernier les résultats sont tombés : 29 profils génétiques ont été isolés, dont 15 ont pu être identifiés à ce jour, mais aucun ne correspond aux disparus de la famille Muñoz.

Les autorités doivent reprendre les recherches, en vie et sans vie, et les poursuivre aussi longtemps que nécessaire pour retrouver les disparus de la famille Muñoz.

Pour maintenir les recherches des disparus, envoyez cette lettre aux autorités mexicaines.

 


Contexte

 

Les ravages de la « guerre contre le crime »

Depuis décembre 2006, le Mexique traverse une très grave « crise des droits de l'homme » avec un taux d'impunité de 98 %, selon les propres termes de l’ONU. Dans le cadre de la « guerre » gouvernementale contre la délinquance organisée, priorité a été donnée à la « sécurité intérieure » sans contrôle réel des forces de l’ordre et de l’appareil judiciaire et au mépris du respect des droits humains.

  • Près de 275 000 meurtres entre décembre de 2006 et fin 2018 ;
  • 330 000 déplacés du fait de la violence ;
  • 41 journalistes assassinés entre 2012 et 2018 ;
  • 161 défenseurs des droits de l’homme assassinés entre 2012 et 2018 ;
  • Plus de 22 000 féminicides (meurtres de femmes) de 2009 à 2018 ;
  • 63,8 % de victimes de violences physiques lors de leur arrestation en 2017.

Andrés Manuel López Obrador, nouveau président au pouvoir depuis le 1er décembre 2018, a promis d’assainir la situation. Pourtant, deux modifications constitutionnelles adoptées récemment en ce sens accroissent en réalité les risques de violation des droits humains :

  1. la création d’une Garde nationale composée de membres de la police militaire, navale et fédérale, avec le soutien de l’armée au cours des premières années. Or, nombre de policiers et militaires sont en cause les violations des droits humains dénoncées depuis 2006.
  2. l’augmentation du nombre d’infractions passibles de détention provisoire, sans réelle analyse préalable des preuves disponibles, c’est-à-dire en contradiction totale avec les normes internationales.

 

Le fléau des disparitions forcées

On parle de disparition forcée lorsqu’une personne est arrêtée, détenue ou enlevée avec le consentement - tacite ou explicite - des autorités, et que celles-ci refusent de reconnaître leur arrestation ou dissimulent leur sort.

Jusqu’à présent les autorités mexicaines ont le plus souvent refusé de reconnaître le recours aux disparitions forcées et se sont contentées d’évoquer des personnes « égarées ». Elles ont incriminé les bandes criminelles et sous-entendu que les disparus devaient eux-mêmes être des délinquants. Les enquêtes et recherches n’ont pas été menées sérieusement.

C’est ainsi que 40 180 disparitions ont été recensées entre 2006 et janvier 2019. En réalité, ce nombre pourrait être bien plus important dans la mesure où seule une minorité de familles ose porter plainte pour la disparition d’un proche.

Chihuahua est l’un des états qui comptent le plus de disparitions. La commune de Cuauhtémoc, au centre ouest de l’état, est même surnommée « la capitale des disparitions » par certains (environ 202 hommes pour 100 000 sont portés disparus). Dans cette zone rurale montagneuse, les cartels de Sinaloa et Juárez qui se disputent le territoire ont infiltré la société et les polices locales, et les violences et violations des droits humains font rage.

 

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