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Disparitions forcées, cadavres charriés par une rivière, déni des autorités…

Selon les autorités rwandaises, il n’y a pas de disparitions forcées au Rwanda. Face à un tel déni de la part des autorités rwandaises, il est important qu’une commission d’enquête internationale soit menée par les Nations unies.
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Le 22 / 09 / 2014

Le 16 avril 2014 en fin d’après-midi, Hassani Bizimana, commerçant rwandais, a été arrêté en public et sans mandat par des militaires à Gisenyi. Depuis lors, il est porté disparu. Comme lui, au moins 13 autres personnes, soupçonnées de connivence avec les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), groupe armé rwandais basé en République démocratique du Congo (RDC), sont portées disparues depuis mars 2014, après avoir été enlevées par des forces de l’ordre. Or, depuis juillet dernier, une quarantaine de cadavres enveloppés dans des sacs ont été charriés par les eaux de la rivière Kagera avant de rejoindre le lac Rweru, situé à la frontière entre le Rwanda et le Burundi. S’agit-il d’une coïncidence macabre ?

Il y a quelques mois encore, la rivière Kagera se jetait dans des marais impraticables au nord du lac Rweru, côté Rwanda. Avec le changement récent du cours de la rivière les sacs ont été exposés aux populations burundaises riveraines du lac. Ces sacs contenaient des cadavres portant des « cagoules sur la tête. Ils avaient les jambes repliées, attachées de telle manière que les cuisses touchaient le buste. Les bras étaient également attachés dans le dos ».

Selon les autorités rwandaises, qui n’ont jamais entrepris de véritables enquêtes indépendantes et impartiales, il n’y a pas de disparitions forcées au Rwanda et les corps retrouvés ne sont en aucun cas des Rwandais. Face à un tel déni de la part des autorités rwandaises, il est important qu’une commission d’enquête internationale soit menée par les Nations unies. Les États-Unis, principal allié du Rwanda, doivent se mobiliser en ce sens.

Un régime au pouvoir autoritaire

Le Rwanda est dirigé depuis 1994 par Paul Kagamé, chef du Front patriotique rwandais (FPR). Depuis que cette ancienne rébellion armée a pris le pouvoir, l’armée contrôle étroitement les espaces politique, économique et social en actionnant, notamment, le levier de la peur du retour des ex-génocidaires ayant fui dans l’est de la RDC. Les autorités exercent également un contrôle quasi complet de l’information et de la société civile. Depuis que son règne sans partage et ses dérives autocratiques, tout particulièrement dans la gestion du conflit en RDC et la mise à l’écart d’opposants potentiels, sont indexés par plusieurs anciens du régime, Kagamé se sent menacé. Toute personne qui le remet en cause est considérée comme un adversaire du Rwanda. Les dissidents au sein du parti FPR, des forces militaires et des rébellions armées congolaises pro-Rwanda sont particulièrement ciblés : arrestations illégales, tortures, détentions au secret et jugements iniques ou exécutions sommaires. Ces dernières années, plusieurs personnes accusées de vouloir attenter à la sûreté de l’État ont été assassinées à l’étranger. D’autres ont été kidnappées dans les pays avoisinants, principalement en RDC et en Ouganda, et ramenées au Rwanda pour y être jugées.

Un régime qui a peur

Lors d’un déplacement, en juin 2014, dans l’ouest du pays, Kagamé a expliqué aux habitants du district de Nyabihu : « Nous ne pouvons laisser personne compromettre notre sécurité et notre développement. Ceux qui chercheront à déstabiliser le pays continueront à être arrêtés. On pourrait même être amené à les tuer en plein jour ». Le pouvoir en place à Kigali est persuadé que le pays est en proie à une menace sécuritaire imminente : des infiltrations d’éléments des FDLR venant de RDC avec des complicités militaires au Rwanda.

Vous pouvez agir auprès des autorités rwandaises en envoyant cette lettre.

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