Deux militants pro-démocratie détenus au secret
Fred Bauma et Yves Makwambala, militants de la Lutte pour le changement (LUCHA) et de FILIMBI - deux mouvements d’action civique de jeunes Congolais - sont détenus au secret et de manière arbitraire depuis un mois. Ils sont en danger.
Ils ont été arrêtés le 15 mars 2015 par des éléments des forces de l’ordre à l’issue d’une conférence de presse organisée à Kinshasa pour le lancement de la plateforme congolaise FILIMBI.
Une trentaine de personnes avaient alors été interpellées violemment et emmenées dans les locaux de l’Agence nationale de renseignements (ANR).
La plupart d’entre elles avaient ensuite été libérées, notamment les militants burkinabés et sénégalais qui avaient été rapidement expulsés vers leur pays d’origine.
Fred Bauma et Yves Makwambala sont encore incarcérés dans les locaux de l’ANR à Kinshasa.
Bien que le ministre congolais de l’Intérieur ait écrit une note à la police et à l’ANR, le 20 mars 2015, pour leur rappeler de respecter la Constitution et les lois congolaises, ces jeunes hommes n’ont pas encore été présentés à un juge et sont, jusqu’à ce jour, privés de la visite de leurs avocats, de médecins de leurs choix, des organisations de défense des droits de l’homme congolaises comme internationales et du Bureau conjoint des droits de l’homme des Nations unies.
Ces arrestations arbitraires de personnes qui n’ont fait que défendre les valeurs démocratiques et de citoyenneté en RDC sont le signe d’une répression inquiétante des libertés d’expression, d’association et de réunion pacifique dans le pays.
Mobilisons-nous pour les faire libérer !
Contexte
Un État tortionnaire
En RDC, la torture est appliquée de manière ordinaire. La dérive autoritaire du régime de Joseph Kabila n’a fait que s’accentuer ces derniers mois avec la montée de la tension politique dans le pays, liée au débat sur une éventuelle troisième candidature du chef de l'État, prohibée par la Constitution.
L’Agence nationale de renseignements (ANR) est particulièrement redoutée pour l’usage de la torture à l’encontre des personnes qu’elle détient. Placée sous l’autorité des services présidentiels, l’ANR est en principe uniquement habilitée à enquêter sur les infractions portant atteinte à la sûreté de l’État. Elle sort pourtant régulièrement de ses attributions en se substituant aux instances judiciaires et policières compétentes. Les agents de l’ANR procèdent ainsi, en toute impunité, à des arrestations arbitraires de sympathisants de l’opposition, de membres de la société civile, de journalistes, ou encore de personnes soupçonnées d’infractions de droit commun.
- Pour aller plus loin : rapport torture en RDC http://www.acatfrance.fr/un-monde-tortionnaire/republique-democratique-du-congo
Plainte et mobilisation de l’Assemblée nationale congolaise
Le 23 mars 2015, l’avocat des militants détenus à Kinshasa, Me Sylvain Lumu, a déposé une plainte pour « arrestation arbitraire » de ses clients et « violation des droits garantis aux particuliers ». À notre connaissance, aucune suite n’a encore été donnée à cette plainte par la justice congolaise.
La mission d’information parlementaire de l’Assemblée nationale congolaise, mise en place fin mars, a pu rencontrer les prisonniers le 2 avril 2015. Cette mission a également pu discuter avec les ministres de l’Intérieur, de la Justice et un représentant de l’ANR. Aucun des documents transmis par les autorités à ces occasions ne fait état de préparation, par ces jeunes, d’actes terroristes ou de cocktails Molotov, délits pour lesquels ces jeunes semblent pourtant être accusés.