Détention illégale de cinq militants de FILIMBI
Près de six mois après leur arrestation arbitraire, Messieurs Carbone Beni, Grâce Tshiuza, Mino Bompomi, Cédric Kalonji et Palmer Kabeya ont enfin été présentés devant la justice congolaise. Le 19 juin 2018, le tribunal de paix de Ngaliema à Kinshasa a décidé de maintenir les cinq militants du mouvement citoyen pro-démocratie Filimbi (sifflet en Swahili) en détention provisoire, pour quinze jours, en attendant leur jugement pour « offense au chef de l’Etat ».
Carbone Beni, Grâce Tshiuza, Mino Bompomi, Cédric Kalonji et Palmer Kabeya ont été arrêtés, sans mandat, fin décembre 2017 par des agents des services de renseignements. Leur crime : avoir appelé la population kinoise (habitants de la capitale Kinshasa) à participer à une manifestation pacifique pour réclamer des élections. Ils ont été torturés durant leur garde-à-vue, au secret, par des agents de l’Agence nationale de renseignements (ANR) qui voulaient les faire parler de leur mouvement, de leurs financements, de leurs objectifs, etc.
La justice a reconnu que leur détention pendant près de six mois était abusive et qu’il s’agissait d’une violation de la Constitution. En RDC, aucune détention ne peut être supérieure à 48h00 sans une décision de justice… Au lieu de libérer les militants, la justice a retenu l’accusation d’ « offense au chef de l’Etat » et a régularisé leur détention. Une aberration du droit comme il est habituel en République démocratique du Congo (RDC).
Mobilisons-nous auprès des autorités congolaises pour demander leur libération immédiate et sans conditions !
Contexte
Depuis janvier 2015, le régime au pouvoir harcèle de manière continue les membres de la société civile et de l’opposition qui se mobilisent en vue du respect de la Constitution. Cette Constitution ne prévoit que deux mandats présidentiels de suite. Le Président Joseph Kabila aurait donc dû achever son second mandat le 19 décembre 2016. Le 11 mai 2016, la Cour constitutionnelle l’a pourtant autorisé à rester en poste en cas de report du scrutin présidentiel. Auparavant, son gouvernement avait tenté en vain de modifier la Constitution ou les règles électorales afin de lui permettre de se maintenir au pouvoir. Face à la mobilisation citoyenne, ces tentatives avaient échoué. Dans la semaine précédant le 19 décembre, de nombreux membres de la société civile ont été arrêtés. Les réseaux sociaux et certaines radios ont été coupés. De nombreux militaires et policiers, lourdement armés, ont été déployés dans les principales villes du pays. Les autorités ont interdit toute manifestation, ce qui n’a pas empêché la population de descendre dans les rues afin de contester le scénario du maintien à vie d’un régime n’ayant comme projet que de se maintenir au pouvoir par la violence. Les forces de sécurité ont tiré à balles réelles. Au moins 40 manifestants ont été tués à Kinshasa, Lubumbashi, Boma et Matadi. Plus de 100 personnes ont été blessées, 460 autres ont été arrêtées. La justice congolaise n’a jamais enquêté, comme dans les répressions passées. L’impunité est totale. La justice et les forces de l’ordre sont des outils politiques aux mains d’un régime violent et corrompu. Les autorités retardent la tenue du scrutin présidentiel. En novembre 2017, la CENI – institution en charge des élections – a annoncé la tenue des élections présidentielle, législative et provinciale pour le 23 décembre 2018. Il est possible que ces scrutins ne puissent pas se tenir à la date promise du fait de l’insécurité grandissante dans plusieurs provinces du pays ; insécurité provoquée et entretenue par les autorités au pouvoir. Jusqu’à ce jour la communauté internationale demeure impuissante face à ce chaos orchestré par le régime Kabila pour se maintenir au pouvoir.
Vous pouvez agir en leur faveur en envoyant cette lettre.