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Mauritanie
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Condamnation en appel de trois militants de la lutte anti-esclavage

Le 20 août 2015, la Cour d’appel d’Aleg a confirmé la peine de deux années de prison contre trois militants anti-esclavage, arrêtés en novembre 2014 et condamnés en janvier 2015
Mauritanie non esclavage
Le 15 / 09 / 2015

Le 20 août 2015, la Cour d’appel d’Aleg a confirmé la peine de deux années de prison contre trois militants anti-esclavage : MM. Biram Dah Abeid, Brahim Bilal Ramadane et Djiby Sow, arrêtés en novembre 2014 et condamnés en janvier 2015 pour avoir organisé dans le sud de la Mauritanie une campagne dénonçant l’esclavage foncier.

Il y avait peu de monde jeudi 20 août, après-midi, dans la salle d’audience du tribunal d’Aleg. La plupart des proches et sympathisants des militants y avaient été tenus à l’écart par les forces de l’ordre dès le matin. Quant aux prévenus, ils n’ont pas voulu assister à la mascarade judiciaire. Djiby Sow – président de l’ONG Kawtal Ngam Yellitaare – souffrant de problèmes de santé et bénéficiant d’une liberté provisoire est resté en Europe. Biram Dah Abeid – président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie) – et Brahim Bilal Ramadane – vice-président du même mouvement – sont restés en prison. A leur demande, les avocats de la défense ont boycotté la séance.

Devant quelques journalistes et deux observateurs d’ambassades occidentales, la Cour d’appel a confirmé la peine de deux années de prison pour « appartenance à une organisation non reconnue », « participation à une réunion non autorisée », « non-respect des ordres de la police » et « rébellion »…

La décision de la Cour d’Appel d’Aleg est éminemment politique et montre une fois de plus l’absence patente d’indépendance de la justice en Mauritanie et la volonté des plus hautes autorités de réprimer l’IRA-Mauritanie et son président, lauréat du Prix des droits de l’homme des Nations unies en 2013 et nominé pour le Prix Nobel de la paix pour cette année 2015.

MM. Biram Dah Abeid, Brahim Bilal Ramadane et Djiby Sow n’ayant fait qu’exercer pacifiquement leurs activités de défenseurs des droits de l’homme,  les charges retenues contre eux doivent être abandonnées et les autorités mauritaniennes doivent mettre définitivement fin au harcèlement judiciaire dont ils font l’objet et libérer MM. Biram Dah Abeid, Brahim Bilal Ramadane.

 

Contexte

 

Une volonté de réduire à néant l’IRA-Mauritanie

Depuis la création de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA-Mauritanie) en 2008, les autorités mauritaniennes n’ont toujours pas reconnue le statut officiel de cette association malgré plusieurs demandes en ce sens. Au contraire, depuis plusieurs années, les membres de l’IRA font l’objet d’une vague ininterrompue d’intimidations, de menaces de mort, d’arrestations et de harcèlements judiciaires destinés à réduire à néant cette organisation qui développe ses antennes à travers tout le pays au sein de la communauté Harratine (musulmans négro-mauritaniens victimes d’esclavage) et au niveau international avec les associations de lutte contre l’esclavage.

Alors que l’IRA-Mauritanie entreprend début novembre 2014 une campagne de sensibilisation de plusieurs villages de la vallée du fleuve Sénégal aux problèmes de l’esclavage foncier, les autorités mauritaniennes y voient l’occasion d’arrêter le président de l’IRA-Mauritanie alors que ce dernier doit se rendre en Europe courant novembre 2014 pour y recevoir des soins et poursuivre ses actions de plaidoyer en faveur de la lutte contre l’esclavage. Il avait notamment prévu de rencontrer l’ACAT-France à Paris.

Le 11 novembre au matin, alors que M. Dah Abeid s’apprête à rentrer dans la ville de Rosso, en compagnie de la caravane dénonçant l’esclavage foncier, des gendarmes l’arrêtent avec plusieurs autres militants. Dans les jours qui suivent, la répression contre l’IRA s’accentue : interdiction de sit-in de soutien aux personnes arrêtées, nouvelles arrestations de sympathisants et militants de l’IRA, fermeture du siège de l’IRA.

Malgré son abolition officielle en 1981 et sa criminalisation en 2007, l’esclavage reste une pratique endémique en Mauritanie et les esclavagistes jouissent trop souvent d’une impunité notoire qui met en danger les victimes et les défenseurs qui les soutiennent.  

Pour de plus amples informations sur la Mauritanie :

 

Vous pouvez agir en faveur des militants anti-esclavage en envoyant cette lettre.

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