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Un journaliste soutenu par l'ACAT libre après 18 ans en enfer

Mukhammed Begjanov a été libéré le 22 février. C’était l’un des journalistes emprisonnés depuis le plus longtemps au monde.
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Première photo de Mukhammed Bejanov (à gauche, au téléphone avec sa famille) prise juste après sa libération, sur le chemin du retour dans un café avec un de ses frères (à droite)
Le 22 / 03 / 2017

Parrainé et soutenu par l’ACAT depuis une décennie, c’est avec une grande émotion que nous avons appris la nouvelle de la liberté retrouvée de Mukhammed Begjanov.

Dès sa sortie de prison, il a contacté sa famille, aujourd’hui exilée aux Etats Unis. Mukhammed avait pu voir son épouse en prison à quelques reprises. Mais il n’a jamais vu ses enfants depuis 1999. Il les a quittés enfant, il les découvre adulte. Il a également pu parler pour la première fois à ses petits-enfants.

Une de ses filles avec qui l’ACAT est en contact étroit depuis de longues années a partagé avec nous l’immense bonheur de la famille de savoir Mukhammed enfin libre, ainsi que leur excitation de lui parler par téléphone et de discuter de visu avec lui sur skype tous les jours après plus de 18 ans de séparation.

Elle confie : " nous nous parlons tous les jours et il semble aller un peu mieux chaque jour. Il nous dit qu’il mange constamment, essayant de rattraper son retard du fait des privations de ces dernières années. Il essaie aussi de s’habituer à dormir dans un lit.  Il a gardé son sens de l’humour et son état d’esprit est plutôt bon." Elle ajoute qu'il remercie les militants de l'ACAT et que toutes les lettres reçues ont été de véritables cadeaux.

18 ans en enfer

Son cauchemar avait commencé lors de son kidnapping en pleine rue par des agents des services secrets ouzbeks à Kiev en 1999. Frère du célèbre opposant et poète Mukhammed Salikh, il était à la tête du principal journal d’opposition de l’époque, Erk (Liberté). Il avait fui Tashkent en 1997 à la suite d’une violente répression du pouvoir à l’encontre de toute forme d’opposition.

Ramené de force en Ouzbékistan, électrocuté, passé à tabac,  étouffé, torturé, il fut jugé à huis clos et condamné à 15 ans de prison. Sa peine ramenée à 13 ans, il devait être libéré en décembre 2011. Ses proches l’ont attendu plusieurs jours devant la prison. Ils n’ont appris que 2 mois plus tard que sa peine avait été prolongée à 5 années supplémentaires, a priori pour « possession  non autorisée »  d’un coupe-ongle dans sa cellule. La prolongation arbitraire en fin de peine sous des prétextes fallacieux et futiles étant une pratique habituelle en Ouzbékistan.

Il a été transféré de camp en camp et est notamment passé par la tristement renommée prison de Jaslik, rebaptisée par les détenus comme « le lieu d’où l’on ne revient pas ». Du fait des tortures dont il a fait l’objet en prison et d’une grave tuberculose longtemps restée non traitée, le journaliste a perdu de nombreuses dents et une partie de son ouïe. Il subit des pics de douleur réguliers et une gêne permanente dus à une hernie de l’aine, qui s’est déclarée alors qu’il était employé en prison à la fabrication de briques. Il bénéficie actuellement d’examens médicaux complets pour pouvoir recevoir les traitements appropriés.

Selon ses proches, ces dernières années, la pression internationale menée par l’ACAT conjointement avec des organisations partenaires, avaient amélioré un peu ces conditions de détention. Il avait été mieux nourri et les visites de ses proches avaient été facilitées.

Une nouvelle vie

A 62 ans, nous espérons qu’il va enfin pouvoir commencer une nouvelle vie. Mais pour cela, il faut qu’il puisse être autorisé à rejoindre sa famille aux États-Unis. Les premières informations indiquaient qu’il ne serait pas autorisé à quitter le pays avant un an. Nous suivrons avec attention sa situation.

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