L’appel d’une mère: « j’ai besoin de votre aide »
Depuis 13 ans, cette mère se bat pour obtenir la vérité sur la mort de sa fille de 15 ans, enlevée par des militaires un jour de février 2004.
Son long combat a franchi une étape, en avril dernier, lorsque le Tribunal de district a enfin condamné trois officiers impliqués dans la torture et le meurtre de sa fille. Pour autant, il a acquitté un quatrième militaire haut gradé, « celui qui a arrêté ma fille et l’a emmené au camp [où elle est morte ] », explique-t-elle. Devi Sunuwar a voulu faire appel, mais le procureur général a décidé de clore l’affaire. Par ailleurs, les trois militaires condamnés n’ont toujours pas fait l’objet d’une arrestation depuis la décision d’avril 2017. La police indique qu’elle ne peut pas les localiser. Des informations indiquent qu’ils seraient à l’étranger. La police n’a pourtant pas saisi Interpol.
« J’ai dû attendre 13 longues années pour obtenir cette première décision de justice qui n’est même pas appliquée. Il n’y a toujours aucun signe des autorités visant à les arrêter. Ils se sont dépêchés de fermer le dossier pour m’empêcher de déposer mon appel contre Niranjan Basnet [le quatrième inculpé qui a été acquitté]. Le système est rapide et efficace seulement lorsqu’il s’agit de faire obstruction à la justice et de protéger les tortionnaires ! »
«J’ai promis à ma fille qu’elle pourrait enfin reposer en paix lorsqu’elle aurait obtenue justice. Je n’ai toujours pas réussi à réaliser ma promesse. Je m’adresse à vous pour vous demander votre aide afin que mon droit à exercer un recours en appel ne soit pas ignoré et que cette affaire puisse aller jusqu’à sa juste et logique conclusion. S’il vous plait, écrivez au procureur général pour lui demander pourquoi les auteurs ne sont toujours pas en détention et pourquoi mon droit de recours est rejeté. »
Vous souhaitez soutenir son combat pour sa fille, écrivez au Procureur général en lui adressant ce modèle de lettre
Contexte
13 ans de combat pour connaître la vérité et tenter d’obtenir justice
En 2005, l’ACAT a commencé à suivre l’affaire de Maina Sunuwar. L’organisation est intervenue à plusieurs reprises pour tenter de faire avancer l’enquête et le procès.
Le 17 février 2004, des membres des forces de sécurité en civil se sont présentés au domicile de Maina Sunuwar. Ils souhaitaient voir sa mère, témoin quelques jours plus tôt de l’exécution extrajudiciaire d’une lycéenne de 17 ans. Comme Devi Sunuwar n’était pas chez elle, les forces de sécurité ont emmené sa fille Maina.
Le lendemain, les militaires ont déclaré qu’ils n’avaient pas la moindre information concernant son lieu de détention. Maina a été soumise à une disparition forcée. Grâce à la pression exercée par la société civile népalaise et internationale, l’armée a finalement reconnu publiquement la mort de Maina Sunuwar par la suite. Cependant, leur version des faits n’a cessé de changer et constamment tenté de camoufler la réalité.
À force de ténacité, Devi Sunuwar a fini par découvrir où sa fille était détenue, où elle était enterrée, qui l’avaient torturé, qui avait donné les ordres, qui était témoin, et de quelle façon elle avait été torturée jusqu’à la mort.
Son parcours pour faire ouvrir une enquête et faire juger l’affaire a été semé d’embûches. Elle s’est opposé une grande résistance du système politique, militaire et judiciaire. Son combat a cependant fait de sa fille un cas emblématique de disparition forcée au Népal. Derrière Maina, des milliers de familles de victimes de disparition et de torture attendent également un jour de connaître la vérité et d’obtenir justice.