Répression avant les 25 ans du massacre de Tiananmen
Le 26 / 05 / 2014
Cette pétition est désormais fermée. Merci à tous les signataires de la pétition, nous vous informerons en cas de nouvelles évolutions.
Alors qu’approche le 25ème anniversaire du massacre des 3 et 4 juin 1989 sur la place Tiananmen, les autorités chinoises durcissent leur campagne de répression pour empêcher toute commémoration. Des dizaines de militants et avocats ont été arrêtés, placés en détention ou ont disparu ces derniers jours.
Début mai, sept personnes qui s’étaient réunies en privé en mémoire aux victimes de 1989 ont été arrêtées. Parmi elles, Pu Zhiqiang, un éminent avocat et ancien manifestant de 1989 à Tiananmen et le professeur de philosophie Xu Youyu, âgé de 67 ans. Tous les deux souffrent d’importants problèmes de santé mais se sont vu confisquer leurs médicaments en détention. Le 8 mai, Gao Yu, une journaliste et dissidente renommée, qui avait disparu, a été contrainte à une « confession publique » à la télévision centrale afin de la discréditer.
Les avocats Tang Jingling et Liu Shihui, basés à Guangzhou, ont été arrêtés le 16 mai à leur domicile et placés en détention. Tous les deux ont déjà été menacés et torturés en détention pour avoir défendu des victimes. Les militants Wang Qingying et Yuan Xinting ont également été arrêtés. Á ce jour, personne ne sait où ce dernier est détenu. Á chaque fois, leurs ordinateurs et portables sont confisqués par la police. Á Shanghai, Chen Jianfang a disparu depuis le 15 mai. Sa famille s’est rendue au centre de détention où elle serait détenue, mais les responsables ont nié la détenir.
Des dizaines d’autres avocats et militants ont été arrêtés et placés en détention pour des motifs fallacieux. De nouvelles arrestations sont à prévoir. Tous ces cas visent à décourager tous ceux qui oseraient organiser des évènements pour commémorer le massacre de Tiananmen ces prochains jours.
Contexte
Au printemps 1989, des millions de citoyens descendaient dans les rues de Pékin et dans l’ensemble de la Chine pour soutenir le mouvement lancé par des étudiants en faveur de réformes politiques et pour demander la fin de la corruption. Rassemblés sur la place Tiananmen à Pékin, ils réclamaient un dialogue avec le gouvernement. Le mouvement démocratique fut officiellement qualifié d’« émeute » par le gouvernement et réprimé dans le sang dans la nuit du 3 au 4 juin.
Cet élan démocratique a mis à mal l’idéologie officielle et a déstabilisé le Parti communiste chinois. Afin de récupérer son contrôle sur la population, le Parti s’est lancé dans une politique répressive sévère. Celle-ci ne s’est jamais arrêtée. Vingt-cinq ans après les évènements, cette répression continue de viser les anciens dissidents de Tiananmen et les personnes qui souhaitent rétablir la vérité sur ces évènements tragiques. Les acteurs passés et présents sont régulièrement arrêtés, assignés à résidence, menacés ou condamnés. La censure est complète.
Depuis 1989, les autorités n’ont jamais revu leur position officielle. L’existence du massacre est toujours niée. Les autorités vont jusqu’à priver les familles d’un droit au deuil en les empêchant, depuis 1989, de commémorer la mémoire de leurs proches tués lors du massacre. Elles se sont vu interdire le dépôt des urnes funéraires dans les cimetières à l’époque et il leur est interdit de se rendre, le jour anniversaire, sur les lieux où leurs proches ont été tués pour se recueillir.
Des citoyens refusent cependant d’oublier et continuent de défendre la mémoire des victimes de 1989. Mais toute tentative ou tout appel à une commémoration pacifique met en danger leur initiateur. « Depuis que je suis allé déposer des fleurs sur la place Tiananmen en 2004 pour les victimes du massacre, je suis détenu ou placé en résidence surveillée chaque année », déclare Hu Jia, militant des droits de l’homme et lauréat de nombreux prix internationaux. Á l’occasion des anniversaires symboliques comme celui des 25 ans, la répression se renforce violemment en amont du mois de juin.