Correspondre avec un condamné à mort.
Détenus de nombreuses années entre leur jugement et leur exécution, les condamnés à mort aux Etats-Unis souffrent de l’isolement et de ne plus être reconnus comme des personnes humaines. L’ACAT propose de correspondre par courrier avec des détenus du couloir de la mort qui en ont fait la demande.
Pour les condamnés, ces correspondances répondent au besoin de se projeter hors d’eux-mêmes et de lutter contre le processus de déshumanisation des couloirs de la mort. Pour les prisonniers, qui souffrent très souvent du syndrome du couloir de la mort – souffrance liée à l’attente de l’exécution, considérée par certaines instances juridiques comme un traitement inhumain et dégradant – la relation directe ainsi que l’amitié des correspondants est essentielle pour rester debout. De nombreux prisonniers sont dans l’attente d’un tel échange.
Aucune compétence particulière n’est requise pour correspondre avec un condamné à mort en dehors du fait que les échanges se font en anglais ou en espagnol. Il faut également avoir atteint la majorité. Les correspondants doivent bien mesurer l’importance d’un tel engagement ainsi que les difficultés auxquels les détenus peuvent faire face. Parfois les prisonniers sont physiquement ou moralement affaiblis et ne peuvent pas répondre de façon régulière. C’est dans ces moments qu’un soutien continu leur est indispensable. Il s’agit d’un engagement à long terme, d’une responsabilité qu’on ne peut abandonner en cours de route, et qui, bien souvent, se conclut par l’exécution de la personne avec laquelle se sont noués des liens affectifs forts.
Une correspondance suivie constitue une expérience riche et unique pour la personne qui accompagne le condamné. C’est aussi d’un engagement à long terme, parfois éprouvant. Mais avant tout, il s’agit d’un soutien moral inestimable pour les prisonniers des couloirs de la mort.
La peine de mort aux Etats-Unis
En 2019, les États-Unis se classaient au sixème rang du nombre d’exécutions dans le monde, derrière la Chine, l’Iran, l’Irak, l’Arabie saoudite et l’Egypte. La peine de mort peut être prononcée dans 28 États fédérés ainsi que par la justice civile fédérale et par la juridiction militaire. Au 1er octobre 2021, 2557 personnes étaient en attente de leur exécution aux États-Unis. Entre la condamnation, les procédures d’appel et l’exécution, il s’écoule de nombreuses années. La moyenne était de 243 mois en 2017 mais cette attente peut durer bien plus de 20 ans parfois. Les conditions de détention de ces condamnés sont particulièrement dures. Ils passent le plus souvent 23 heures par jour à l’isolement et sont exclus des programmes d’éducation et de travail. Toute la sécurité autour d’eux est renforcée, les visites et les promenades sont très limitées. Beaucoup ont été rejetés par leur famille et leurs proches. Dans certains États, comme le Texas, tout contact physique est proscrit, les visites ont lieu derrière une vitre.
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Témoignage de Charles Flores.
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Un individu condamné à mort est considéré comme un sous-homme (…). Quand je repense à mes débuts dans le couloir de la mort au Texas, par moments je commençais vraiment à croire ce mensonge. (…) Puis je me suis mis à écrire, à me faire des amis et à créer des liens durables, j’ai entrevu le mensonge caché derrière tout ça. Je suis humain et je mérite de vivre. Ma valeur transparaît dans les lettres que mes précieux amis m’envoient.
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Charles Flores, condamné à mort au Texas
Quelques chiffres clés.
Au 30 septembre 2023, depuis 1976 :
Nouveau Mexique (1986) / Ohio (1991) / Illinois (2003) / New Jersey (2007) / Illinois (2011) / Maryland (2015) / Colorado (2010) / Oregon (2022)