La dimension chrétienne de l’ACAT voulue par ses fondatrices est primordiale pour ses membres qui, unis dans une démarche résolument œcuménique, y trouvent une ressource forte pour leur action.
À l’ACAT se vit et s’expérimente un oecuménisme concret et quotidien entre chrétiens, qui considèrent que prier et agir ensemble pour construire un monde sans torture, c’est répondre à l’appel du Christ en faveur du respect de la justice et de l’amour du prochain. Ils affirment que respecter et faire respecter la dignité de tout être humain, c’est vivre l’Évangile.
La lutte contre la torture est une action essentielle. Elle est aussi une composante à part entière de la vie spirituelle. Si ce combat n’appartient pas exclusivement aux chrétiens, il doit trouver en eux un écho de manière toute particulière. Parce que les chrétiens se doivent de tracer un chemin différent.
À l’heure de la Passion, Jésus est allé jusqu’à se faire frère des personnes torturées ou exécutées.
En cela, la torture n’est pas seulement un mal mais bien le mal absolu. La dénonciation de la torture ne saurait donc constituer une option facultative de la vie chrétienne. Enfin, la spécificité de la dimension chrétienne introduit la notion du pardon de Dieu afin de réconcilier victimes et bourreaux. Pour que la grâce touche également les bourreaux qui s’avilissent autant qu’ils avilissent, l’ACAT prie pour eux, pour qu’ils retrouvent le chemin de la fraternité.
N’oubliez pas l’hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges. Souvenez-vous de ceux qui sont en prison, comme si vous étiez prisonniers avec eux, de ceux qui sont maltraités, puisque vous aussi, vous avez un corps. (Héb. 13, 2-3 - TOB).
Ces consignes, à la fin de l’épître aux Hébreux, couvrent les mandats de l’ACAT : torture, peine de mort, aide aux victimes, accueil des migrants demandant l’asile.
Mais elles sont précédées de l’injonction : Que l’amour fraternel demeure. Or nous sommes divisés. Ces divisions se sont accompagnées, s’accompagnent encore parfois d’atteintes profondes à la dignité de la personne humaine. Toutes les confessions portent leur part de responsabilité-culpabilité. Quel témoignage crédible pouvons-nous donner de notre adhésion commune à l’origine divine de la dignité humaine si nous n’agissons pas réconciliés ou, au moins, dans une dynamique de réconciliation ? Au sein d’une communauté ecclésiale, certes non exempte de confrontations, mais empreinte de fraternité et d’esprit d’ouverture dans l’humilité, chacun cherchant ce qu’il à apprendre des autres Églises pour être davantage l’Église de Jésus-Christ. Au sein d’une Église, certes non uniformisée, mais réconciliée dans ses diversités, une Église qui, selon Olivier Clément, ne déçoit pas quand on a compris ce qu’elle est : ce sol nourricier, cette grande force de vie qui nous est offerte et qu’il nous appartient de mettre librement en oeuvre.
L’action des chrétiens pour l’abolition de la torture et des exécutions capitales, conduite dans une dynamique oecuménique, est une des manifestations symboliques de la reconstruction de notre unité. À cet égard, il est éclairant de lire la traduction que propose Chouraqui du verset 13,3 de l’épître aux Hébreux : Souvenez-vous de ceux qui sont en prison, comme si vous étiez emprisonnés avec eux, des torturés comme si vous étiez un seul corps.
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