L’ACAT, c’est l’histoire d’un combat passionné pour la dignité de la personne humaine. C’est l’histoire d’un refus. Celui de la destruction de l’homme par l’homme. En mémoire de la Passion du Christ qui a enduré l’horreur de la torture et de l’exécution capitale.
La dénonciation de la torture ne saurait constituer une option facultative de la vie chrétienne. Elle participe au contraire à l'essence même de cette vie, à ce qui en fait le cœur. Enfin, la spécificité de la dimension chrétienne introduit la notion du pardon de Dieu afin de réconcilier victimes et bourreaux.
L’un des pires effets de la torture est d’amener la victime à une régression existentielle, à se dévaluer pour ce qu’elle a subi, à s’assimiler à sa déchéance corporelle et psychique passagère ; à l’amener à la conviction qu’aucune rénovation ne lui est possible, éventuellement à la conduire au désespoir et à rejeter la vie. Symétriquement, la torture conduit le bourreau à nier sa propre dignité, à masquer l’image de Dieu en lui comme en l’autre. Torturer c’est s’associer aux oeuvres stériles des ténèbres (Ep 5, 2), que la croix du Christ a cependant déjà secrètement vaincues.
Le christianisme est par excellence la religion de la personne (P. Teilhard de Chardin). Les chrétiens sont porteurs d’une culture de la personne humaine dans sa dimension individuelle et sociétale, souvent trahie au cours de l’histoire, mais sans cesse transmise par la lecture de l’Évangile, la célébration eucharistique et le témoignage et le vécu d’un grand nombre.
En luttant pour l’abolition de la torture, comme de tout ce qui avilie et bafoue la dignité humaine, les chrétiens défendent donc un héritage précieux : la personne humaine que le christianisme, avec la théologie de la Sainte Trinité – un Dieu en trois Personnes infiniment différenciées et infiniment unies – a puissamment contribué et contribue encore de faire émerger. En défendant l’intégrité de la personne humaine, les chrétiens contribuent à son évolution vers la ressemblance avec le Christ.
Pour que la grâce touche également les bourreaux qui s’avilissent autant qu’ils avilissent, l’ACAT prie pour eux, pour qu’ils retrouvent le chemin de la fraternité. Pour qu’ils entendent cette parole de l’Évangile sur lequel l’ACAT fonde son action : « Chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Matthieu 25, 40).
Aller plus loin : "Sensibiliser les chrétiens aux droits de l'homme"