Mauritanie
Communiqué

Des militants anti-esclavage condamnés à la prison

Le 15 janvier 2015, la Cour correctionnelle de Rosso a condamné les militants Biram Ould Dah Ould Abeid, Brahim Ould Bilal Ramdane et Djiby Sow à deux ans de prison ferme pour « offense et désobéissance à la force publique ». L’ACAT demande leur libération.
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Biram Ould Dah Ould Abeid
Le 16 / 01 / 2015

Le 15 janvier 2015, la Cour correctionnelle de Rosso a condamné les militants Biram Ould Dah Ould Abeid, Brahim Ould Bilal Ramdane et Djiby Sow [1] à deux ans de prison ferme pour « offense et désobéissance à la force publique » [2]. L’ACAT demande leur libération.

L’organisation IRA, à laquelle MM. Abeid et Ramdane appartiennent, milite contre l’esclavage ; en novembre 2014, elle avait aussi apporté son soutien à l’association Kawtal Ngam Yellitaare, présidée par M. Sow, qui avait mis sur pied  une caravane sillonnant les rives du fleuve Sénégal pour dénoncer les expropriations de terres dont sont victimes des membres de la communauté harratine.

M. Abeid était venu rejoindre cette caravane le jour même de son arrestation, le 11 novembre. Il aurait dû prendre le lendemain un avion pour Paris et séjourner en Europe pour continuer ses actions de plaidoyer contre l’esclavage. Il avait notamment prévu de rencontrer l’ACAT à Paris.

« Un pied de nez aux libertés fondamentales »

Selon Clément Boursin, responsable Afrique à l’ACAT, « cette condamnation est un véritable pied-de-nez aux libertés de manifestation, de réunion et d’association en Mauritanie. Il s’agit avant tout d’un verdict politique, les trois personnes condamnées étant des prisonniers d’opinion. »

Depuis 2013, l’ACAT a constaté une nette recrudescence des atteintes aux droits à la liberté de manifestation, de réunion et d’association visant l’IRA et ses membres, accompagnées de menaces, de violences physiques, d’arrestations et de détentions arbitraires et de sanctions judiciaires iniques.

Selon Clément Boursin,  « la lutte contre le terrorisme menée par les autorités mauritaniennes, et sa bonne coopération avec la France, les États-Unis, et l’Union européenne sur ce sujet, ne doit pas servir de paravent à un durcissement des autorités à l’encontre des libertés fondamentales. »

La fermeté de la France est indispensable

« Un message de fermeté de la communauté internationale – et notamment de la France – à l’endroit du gouvernement mauritanien est indispensable afin qu’il soit mis un terme définitif au harcèlement de l’IRA et de ses membres. »

Ce verdict a été accueilli avec colère par les militants de l’IRA devant le tribunal. Les forces de l’ordre sont alors intervenues pour disperser la foule, usant de violence et de gaz lacrymogène. Dans la nuit du 15 au 16 janvier, les trois détenus ont été transférés dans le plus grand secret à la prison d'Aleg.

Depuis le 12 novembre 2014, le siège de l'IRA à Nouakchott est fermé, sur instruction de la police. La justice ne semble pas s’être prononcée sur une éventuelle réouverture du siège de l’IRA ni sur le maintien de la fermeture des locaux.

Contact presse :

Pierre Motin, 01 40 40 40 24 / 06 12 12 63 94 pierre.motin@acatfrance.fr

Notes aux rédactions :

  • [1] Biram Ould Dah Ould Abeid, Brahim Ould Bilal Ramdane et Djiby Sow sont respectivement homme politique candidat à la présidentielle de 2014 et président de l'Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), vice-président de l’IRA et président de l'association Kawtal Ngam Yellitaare.
  • [2] Les dix militants anti-esclavage avaient été mis en examen pour appartenance à une organisation non reconnue, rassemblement non autorisé, appel à rassemblement non autorisé et violence contre la force publique. La défense a décidé de faire appel de la condamnation de Biram Ould Dah Ould Abeid, Brahim Ould Bilal Ramdane et Djiby Sow. Les audiences du procès s'étaient ouvertes le 24 décembre et le procureur de Rosso avait requis à leur encontre cinq ans de prison ferme et des amendes financières. Il avait également requis la confiscation des biens de l’IRA. Seuls deux des accusés ont comparu en liberté sous contrôle judiciaire, les huit autres étaient détenus à la prison de Rosso depuis le 11 novembre, date de leur arrestation alors qu’ils s’apprêtaient à rentrer dans le chef-lieu de la région du Trarza, afin de remettre une lettre de doléance au gouverneur de la région.

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