Lundi 10 février, l’ACAT avec une trentaine d’ONG a adressé une lettre au président tchèque. Celui-ci avait invité le président Ouzbek, Islam Karimov, à venir à Prague la semaine prochaine pour une visite officielle.

Nous lui avons demandé d’annuler l’invitation faite à un dirigeant autoritaire. (lettre en anglais) Étant donné la situation désastreuse des droits de l’homme en Ouzbékistan et le refus persistant de Karimov de respecter les critères liés aux libertés fondamentales mis en place par l’Union européenne conditionnant l’amélioration de la relation bilatérale, nous jugions que cette invitation n’était pas appropriée. Nous avons demandé au président tchèque, M. Zeman de repousser cette visite tant que le gouvernement ouzbek ne démontrerait pas des améliorations concrètes et réelles des droits fondamentaux en Ouzbékistan.

Le bureau du président nous a répondu (en tchèque) à peine quelques heures plus tard pour nous indiquer que nous étions « hypocrites » et devrions être « mieux informés ». Il indiquait que Karimov avait été invité par son prédécesseur et qu’il s’agissait d’une courtoisie diplomatique d’assurer cet engagement.  Il ajoutait que nous n’avions pas protesté lorsque son prédécesseur avait effectué une visite en Ouzbékistan dans le passé. Ensuite que Karimov avait rencontré de hauts représentants de l’Union européenne européens à Bruxelles et que nous n’avions rien dit. Enfin que les États unis considéraient l’Ouzbékistan comme un allié dans la guerre contre le terrorisme et que nous ne critiquons pas la position américaine.

Visibilement, le président tchèque était, lui, très mal informé. Dans une réponse très argumentée (en anglais) qui lui a été adressée hier, mercredi 12 février, et publiée dans la presse, nous avons répondu point par point. Les médias se sont emparés du sujet, en particulier en république tchèque.

Sous le feu des attaques,  la visite de Karimov a finalement été annulée ce matin. Officiellement, la république tchèque a  indiqué que la délégation ouzbèke avait été contrainte de repousser cette visite en raison de problèmes d’agenda.

Le président tchèque a cherché à sauver la face dans ce dilemme diplomatique, mais c’est une issue positive. Évidemment, cela ne change rien à la situation terrible en Ouzbékistan, mais au moins Karimov ne paradera pas à la TV voulant montrer qu’il est respecté sur la scène internationale. C’est une petite victoire, symbolique, mais importante pour les ouzbeks. Eux qui ont le sentiment de ne pas avoir d’influence sur leur gouvernement, sur leur futur, eux qui cherchent désespérément à se faire entendre au niveau international face à la répression qu’ils subissent, ils peuvent voir que la pression fonctionne. Une telle victoire, même si symbolique, est très importante pour tous ces défenseurs et militants des droits de l’homme.

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