France
Actualité

«Rétablir la peine de mort nous couperait de l’Europe »

A quelques jours des élections départementales, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a réaffirmé son positionnement en faveur de la peine capitale. La peine de mort est non seulement barbare mais inutile, lui rétorque Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT.
france_marine_le_pen_2
Crédits : Blandine le Cain / Flickr Creative Commons
Le 19 / 03 / 2015

A quelques jours des élections départementales, la présidente du Front national, Marine Le Pen, a réaffirmé son positionnement en faveur de  la peine capitale. La peine de mort est non seulement barbare mais inutile, lui rétorque Jean-Etienne de Linares, délégué général de l’ACAT. Elle couperait aussi la France de la communauté internationale et de l’Europe.

Interview de Jean-Etienne de Linares sur Europe 1 :

Revenir à la peine de mort en France, est-ce envisageable ? Quelles en seraient les conséquences ?

J.E de Linares : Théoriquement ça n’est pas impossible mais serait inefficace, inhumain et très problématique sur le plan diplomatique. Sur le plan international, on ne peut juridiquement pas rétablir la peine de mort car la France a ratifié un traité onusien par lequel elle s’est engagée à abolir la peine capitale de manière irrévocable. Au niveau européen, elle a également ratifié des textes où elle renonce à la peine capitale. Il faut rappeler qu’aujourd’hui, pour entrer dans l’Europe, il faut avoir aboli la peine de mort!  Revenir sur ces textes reviendrait donc à créer une scission avec le reste de l’Europe. Surtout, cela reviendrait à créer une  souffrance et des injustices atroces car on sait que la justice envoie à la potence bien des innocents… sans rien résoudre.

La peine de mort ne peut-elle pas constituer un rempart contre le terrorisme ?

J.E de Linares : En aucun cas. Peut-on imaginer un seul instant que des gens qui souhaitent mourir en martyrs puissent en avoir peur ? C’est ridicule ! La peine de mort sert à une seule chose : donner l’illusion aux citoyens que leur gouvernement agit avec fermeté. D’ailleurs, la peine de mort n’a jamais servi à rien, ni contre le terrorisme, ni contre les autres types de crimes. En France par exemple, il y a en gros un petit millier de meurtres par an : c’était le cas quand la peine de mort était en vigueur, c’est le cas aujourd’hui. Qu’il y ait ou non la peine capitale n’y change rien.

Au niveau mondial, comment la situation évolue-t-elle ?

J.E de Linares : On est face à un mouvement contradictoire : d’un côté, il y  a un mouvement massif - et c’est heureusement celui qui prédomine - vers l’interdiction totale de la peine de mort. La moitié des pays ont aboli la peine  de mort et une quarantaine d’autres appliquent un moratoire de fait. Fin 2014, un vote record de 117 États s’est aussi prononcé à l’ONU en faveur d’un moratoire universel. Mais, parallèlement, on assiste à un retour en arrière inquiétant dans plusieurs pays : fin 2014, le Pakistan et la Jordanie ont levé le moratoire sur la peine capitale qui existait depuis six ans dans un cas, huit dans l’autre. Aux Maldives, la peine de mort a été rétablie même pour les mineurs : théoriquement, un enfant de sept ans peut y être exécuté ! On atteint le sommet de l’horreur. Face à cela, il est indispensable de rappeler, partout, que la peine de mort doit être combattue. A ce titre, le sondage disant que 50% des français seraient favorables au rétablissement de la peine de mort est inquiétant. Il est de notre devoir, à chacun, de dire qu’exécuter des hommes est inacceptable et ne permet pas d’en sauver d’autres. Nous ne voulons pas vivre dans un monde où la vengeance se substitue à la justice.

Articles associés

Article
EUROPARL-1160x600_by-Ralf-Roletschek
France

élections et droit d'asile : notre tribune pour la Journée m...

Le 20 / 06 / 2024
« Il faut mettre le droit d’asile à l’abri de la fièvre de haine qui se propage comme une trainée de poudre » Dans le cadre de la Journée mondiale des réfugiés jeudi 20 juin et dans le contexte des élections, Yves Rolland, président de l’ACAT-France, alerte, dans une tribune parue dans La Croix, sur la mise en danger du droit d’asile en France et en Europe, portée par une politique déshumanisée qui ne cesse du gagner du terrain.
Communiqué
AN-1160x600_by-ZeusUpsistos
France

Législatives anticipées : déclaration de l’ACAT-France

Le 20 / 06 / 2024
En cette Journée mondiale des réfugiés et avant de commémorer la Journée internationale de soutien aux victimes de la torture le 26 juin, l’ACAT-France souhaite s’exprimer sur les risques que présente la situation politique en France.
Communiqué
Gaza-Airstrike-20231010_by-Wafa-APAimages
FranceIsraëlPalestine

Action juridique pour stopper les livraisons d’armes à Israël

Le 12 / 04 / 2024
L'ACAT-France et un ensemble d'ONG de défense des droits de l'Homme saisissent la justice en urgence pour stopper les ventes d'armes par la France à Israël. Objectif : obliger la France à respecter le droit international, qui interdit de transférer des armes vers un pays susceptible de les utiliser pour commettre de graves crimes internationaux. Par ces transferts, la France contribue au risque de faire basculer le droit légitime d'Israël à se défendre en génocide.