Nouvel an chinois : quelle perspective pour les droits de l’homme ?
Le nouvel an chinois est célébré ce 19 février. Alors que l’année 2014 a été jugée « inoubliable » par le président Xi Jinping, elle est considérée par la société civile comme la pire pour les défenseurs des droits de l’homme depuis longtemps.
La situation des droits de l’homme en Chine reste dramatique. Avec 3000[1] exécutions en 2014, la Chine reste championne de la peine de mort. Elle demeure le pays qui tue le plus au monde. Le recours à la torture et aux mauvais traitements reste endémique dans les lieux de détention. L’ACAT continue à dénoncer son usage routinier et très répandu et l’absence de mesures du gouvernement pour combattre efficacement la torture.
Depuis 2013, le président Xi Jinping promeut un agenda politique contre « les valeurs universelles » c’est-à-dire contre les droits de l’homme. Entre début 2013 et fin 2014, plus de 250 défenseurs des droits de l’homme dans toute la Chine ont été emprisonnés. Sur la même période, plus d’un millier d’autres ont été privés de liberté, souvent sans aucun motif, ni procédure légale. Beaucoup d’entre eux allèguent avoir été torturés et traités de façon inhumaine et cruelle en garde à vue. 2014, une année « inoubliable » pour toutes ces victimes de torture ?
Il y a six mois, l’avocat Gao Zhisheng a été remis en liberté après 4 ans de torture et de détention secrète. Il est sorti de prison « complètement détruit » selon ses proches : il pouvait à peine prononcer une phrase à sa sortie de prison. Kidnappé à son domicile, il a été maintenu à l’isolement ces dernières années de façon complètement illégale en raison de son combat en faveur des droits de l’homme. Malgré sa remise en liberté, il demeure privé de liberté, en étant assigné à résidence au domicile de ses beaux-parents dans l’extrême nord-ouest de la Chine. Le domicile est surveillé 24h/24 par la police. Sa liberté de mouvement et celle de sa famille, ainsi que leurs communications sont constamment contrôlées. 2014, une année « inoubliable » pour Gao Zhisheng et ses proches ?
Enlevé, disparu, détenu au secret: un évêque de 94 ans décède en détention
Le gouvernement de Pékin continue à contrôler les mouvements religieux et réprime toute pratique religieuse en dehors du strict contrôle de l’État. Shi Enxiang vient d’en payer le prix. Cet évêque soutenu par l’ACAT depuis de longues années, a passé 54 ans de sa vie en détention. Malgré de nombreuses démarches, sa famille n’a jamais obtenu aucune information sur son sort. Jusqu’à ce 30 janvier 2015, jour où les autorités ont annoncé le décès de cet homme âgé de 94 ans. Face à l’ampleur de l’émotion suscitée dans toute la Chine par cette annonce, elles sont revenues sur leurs propos et nient désormais le décès de l’évêque et refuse de donner toute information sur son sort. Même dans la mort, la répression continue en cette nouvelle année. L’année de la chèvre sera-t-elle aussi « inoubliable » pour les droits de l’homme que la précédente ?
[1] http://www.worldcoalition.org/fr/worldwide-database.html