Soutenez la famille d’un célèbre moine tibétain pour élucider sa mort en prison
Tenzin Delek Rinpoche, fidèle du Dalaï-Lama, est décédé le 12 juillet dans la prison de Chuandong (province du Sichuan) dans des circonstances non élucidées. Il était l’un des prisonniers politiques détenus en Chine les plus emblématiques.
Ce moine âgé de 65 ans est mort pendant sa 13ème année de détention. Connu au sein de la communauté tibétaine pour sa participation, dans les années 80 et 90, à la construction d’écoles, d’un monastère, ainsi que d’un orphelinat, il s’était également engagé contre la déforestation, ce qui eut pour conséquence d’irriter les autorités locales. En 2002, il a été condamné à 20 ans de prison pour terrorisme et séparatisme à l’issue d’un procès inéquitable.
Pendant sa détention, des rapports ont montré à plusieurs reprises, que Tenzin Delek Rinpoche avait été torturé et que son état de santé se détériorait.
Son corps a été incinéré par les autorités pénitentiaires chinoises au matin du 16 juillet 2015 refusant ainsi la demande de membres de la famille et de la communauté internationale de restituer le corps afin d’accomplir les rites bouddhistes funèbres dans la province du Kham, à l’est du Tibet, dont il est originaire. La crémation a eu lieu dans une prison secrète, située à quelques kilomètres de la prison de Chuandong. Une trentaine de Tibétains appartenant à la famille proche auraient été autorisés à entrer à l’intérieur de la prison secrète pour voir le corps avant la crémation et effectuer une courte prière. Avant la crémation, des membres de la famille auraient été autorisés à laver le corps du moine.
Sa famille a décrit les conditions de détention comme « ignobles » et « dignes d’un mendiant ». Toutes les affaires de Tenzin Delek Rinpoché auraient été brûlées et la famille n’aurait pas été autorisée à conserver quoi que ce soit. Sa famille a déclaré qu’elle ne cesserait « d’exiger la justice jusqu’à ce que nous ayons des réponses ».
Soutenons-la !
Demandez au Premier ministre chinois de:
- mettre en place une enquête indépendante et internationale, avec la participation d’experts medico-légaux et des droits de l’homme du Haut Commissariat aux droits de l’homme des Nations unies afin d’élucider le décès en détention de Tenzin Delek Rinpoche ;
- autoriser une visite et une enquête de la part du Rapporteur spécial des Nations unies, Juan Mendez, en raison des allégations de torture subies par Tenzin Delek Rinpoche et en vue du prochain examen périodique de la Chine devant le Comité des Nations unies contre la torture ;
- poursuivre en justice les responsables des actes de torture et du décès de Tenzin Delek Rinpoche.
Télécharger le modèle de lettre à envoyer au Premier ministre chinois
La situation des droits de l’homme au Tibet reste extrêmement difficile et la torture y est systématique.
La Chine a récemment adopté des nouvelles règles pénitentiaires sur le traitement des décès en prison. Celles-ci exigent des autorités de traiter le corps de prisonniers issus de minorités ethniques « en conformité avec leurs traditions ethniques ». Les autorités pénitentiaires du Sichuan les ont délibérément bafouées dans le cas de Tenzin Delek Rinpoche.
Dès son décès connu, des milliers de tibétains ont afflué devant les bureaux des autorités provinciales pour demander la restitution de son corps à sa famille. La police aurait frappé des manifestants et tiré en l’air afin de disperser la foule. Ces dernières années, l’ensemble des manifestations pacifiques organisées par des tibétains dans cette région ont été systématiquement dispersées dans la violence. La Chine garantit pourtant dans l’article 35 de sa Constitution le droit à l’exercice pacifique de sa liberté d’expression.
En dépit du règlement pénitentiaire de la province du Sichuan autorisant les familles de détenus à un droit de visite mensuel, la famille de Tenzin Delek Rinpoche n’a été autorisée qu’à le voir une seule fois, en 13 ans de détention, à savoir en novembre 2013.
L’ACAT, ainsi que de nombreuses ONG, des gouvernements étrangers et les Nations unies ont demandé à de nombreuses reprises sa libération