Droits de l'homme : les jeunes s'engagent
Cette année en classe de Terminale ES, nous avons eu le regret d’apprendre que l’un de nos camarades, Mamadou-Dian Barry, était sur le point de recevoir une Obligation de quitter le territoire français (OQTF). En tant que délégué de classe et ami très proche de Mamadian, j’ai décidé, avec certains de mes camarades, d’agir afin que notre ami puisse voir sa situation se régulariser. Mamadian étant une personne sociable et parfaitement intégrée au lycée, cette situation pesait sur l’ensemble de la classe, qui avait peur de le voir se faire expulser à tout moment. En débutant notre combat afin que notre camarade puisse passer son baccalauréat et finir ses études en France en toute légalité, nous avons découvert que de nombreux lycéens vivaient, comme lui, avec cette épée de Damoclès sur la tête. Il était donc d’autant plus important pour nous de se mobiliser pour faire changer les choses.
Fin janvier, lorsque j’ai pris connaissance de la précarité de la situation de Mamadian, j’ai rédigé une pétition afin de sensibiliser le plus grand nombre de personnes à notre cause, et une lettre adressée à Mme la Préfète de la Côte-d’Or. J’y rappelais que la Déclaration universelle des droits de l’homme stipule, à son article 26, que « toute personne a droit à l’éducation » et que le fait d’expulser un élève pouvait porter préjudice au bien-être de notre classe en pleine préparation du baccalauréat. La pétition a récolté 2 256 signatures au sein de la cité scolaire, mais elle a aussi été relayée par des élus, des associations (Droit d’Asile 21, ACAT Dijon, etc.), des lycéens et des étudiants à travers Dijon. La lettre, elle, est restée sans réponse. Il fallait donc trouver un autre moyen d’attirer l’attention des autorités. Un ancien professeur de mathématiques m’a alors présenté au collectif « Soutien Asile 21 ». Aidé par ce collectif, nous avons décidé d’organiser un rassemblement devant la préfecture, en même temps qu’était reçue notre délégation.
Certes, à l’heure où j’écris ces lignes [le 13 juillet 2017, ndlr], le cas de Mamadian n’est toujours pas résolu. Cependant, d’autres élèves, eux aussi menacés d’expulsion, ont trouvé une solution à leurs problèmes à la suite de nombreux rassemblements organisés devant la préfecture et d’une manifestation. Notre lutte contre la préfecture est très dure, car leurs agissements ne correspondent pas aux paroles qu’ils peuvent tenir face à notre délégation. En effet, nous avons eu, pour certains lycéens menacés d’expulsion, des avis positifs qui étaient annulés deux jours plus tard lorsque les personnes concernées recevaient une OQTF. La préfecture est même allée jusqu’à faire du chantage à un enfant, en lui proposant de rester en France à l’unique condition qu’il demande lui-même à ses parents de quitter le territoire français. Mon implication dans cette lutte m’a permis de découvrir de nombreux membres et représentants d’associations dijonnaises soutenant les cas semblables à celui de mon ami. Ces diverses rencontres m’ont ouvert les yeux sur la solidarité et l’importance de ces bénévoles, qui donnent de leur temps pour défendre ce qui leur semble juste.
Par Akim Chennoufi, élève du lycée Montchapet de Dijon (Côte-d'Or)
Témoignage issu du dossier « Humains de demain », du Humains n°01