Le Burundi quitte la CPI et s'enfonce dans la répression
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Signez notre appel pour Germain Rukuki, défenseur des droits de l’homme emprisonné.
Le retrait tout récent du Statut de Rome (traité qui a créé la Cour pénale internationale) permet au Burundi de ne pas coopérer avec la Cour si celle-ci décidait d'ouvrir une enquête sur les innombrables exactions commises.
«Crimes contre l’humanité. »
Le 4 septembre 2017, la formule implacable était lâchée par la Commission d’enquête des Nations unies sur le Burundi, dans un rapport où elle affirmait avoir été frappée par « l’ampleur et la brutalité des violations commises » par les forces gouvernementales. Face à un constat sans grand espoir, supposant que « les auteurs de ces crimes risquent fortement de rester impunis », elle demandait à la Cour pénale internationale (CPI) d’ouvrir une enquête sur la situation de ce petit pays d’Afrique centrale, en proie depuis avril 2015 à une quasi guerre civile.
En cause : les ambitions de Pierre Nkunrunziza qui a tenté de faire modifier la constitution dès mars 2014 pour supprimer la limitation des mandats présidentiels. Les députés et la société civile se sont alors farouchement opposés, au péril de leur vie et de leur liberté.
Dissuasion et disparitions forcées
Lorsqu’ils ne sont pas arrêtés et détenus arbitrairement, les défenseurs disparaissent de la circulation. Depuis, la situation n’a fait que s’aggraver pour les défenseurs des droits humains. L’une des dernières arrestations en date est celle de Germain Rukuki, employé de l’association des juristes catholiques du Burundi. La majorité est aujourd’hui en exil, à l’image du président de l’ACAT-Burundi, Armel Niyongere, qui a dû quitter le Burundi à l’été 2015 ou encore compte Marie-Claude Kwizera, trésorière de la Ligue Iteka, principale organisation de défense des droits de l’homme du pays et partenaire de l’ACAT, enlevée le 10 décembre 2015 par les membres du membres du Service national de renseignement (SNR).
Horizon assombri
De manière générale, les agents des services d’ordre et de sécurité jouissent d’une totale impunité pour leurs agissements, alors que tortures et mauvais traitements se sont multipliés avec la détérioration de la situation politique et sécuritaire. Le silence persistant des autorités burundaises face aux multiples mises en garde des Nations unies en dit long sur les suites qui seront données à ces violations des droits de l’homme gravissimes.
L’horizon s’est encore assombri quand, à l’automne 2016, l’Assemblée nationale burundaise a adopté un projet de loi visant à rompre avec la CPI, et ainsi affranchir le pays de ses obligations en matière de justice pénale internationale. Le fait que la CPI n’ait pas ouvert d’enquête sur ces crimes avant le retrait du Burundi de la Cour risque de complexifier davantage le travail de justice.