Germain Rukuki a besoin de soins médicaux !
Germain Rukuki, ex-membre de l’ACAT-Burundi, est en prison depuis un an. Le 26 juin dernier, il a demandé une liberté provisoire pour des raisons médicales. Germain Rukuki a en effet besoin de soins qu’il ne peut recevoir au sein de la prison de Ngozi.
Le 5 juin 2018, Germain Rukuki s’est fracturé une cheville en détention. Trois jours plus tard, il a chuté dans l’escalier de la prison de Ngozi provoquant une déchirure des ligaments d’une épaule. Peu après, il a été opéré de la cheville cassée à l’Hôpital autonome de Ngozi. Alors que son état de santé nécessitait encore des soins, il a été ramené en prison.
Aujourd’hui, son état de santé nécessite qu’il puisse bénéficier, comme le permet la loi burundaise, d’une liberté provisoire en attendant son procès en appel.
Pour avoir été membre de l’ACAT-Burundi, Germain Rukuki a été condamné à 32 ans de prison par le tribunal de grande instance de Ntahangwa, le 26 avril dernier, à l’issue d’une procédure judiciaire inique entachée de nombreuses irrégularités.
Le 29 mai 2018, Germain Rukuki a fait appel de sa condamnation auprès de la Cour d’Appel de Bujumbura.
Conformément au droit, les autorités burundaises doivent veiller à ce que Germain Rukuki puisse bénéficier d’un procès en appel équitable dans un temps acceptable.
Ces mêmes autorités doivent lui garantir, en toutes circonstances, son intégrité physique et psychologique. Elles doivent donc veiller à ce que sa demande de liberté provisoire soit étudiée avec toute l’attention requise.
Contexte
En moins de trois années, le Burundi est retombé dans une crise politique majeure avec de multiples violations des droits de l’homme. Tout cela à cause du président Pierre Nkurunziza qui a voulu, avec son clan, garder à tout prix le pouvoir et ses prébendes : l’argent du pays, sa gestion et la mainmise politique sur l’appareil d’État, quitte à entraîner le pays dans le chaos. En 2005, le Parlement élit Pierre Nkurunziza, Président de la République. En 2010, cet ancien rebelle hutu est réélu face à une opposition désorganisée. En mars 2014, Pierre Nkurunziza tente de faire modifier la Constitution afin de supprimer la limitation des mandats présidentiels : les députés refusent. Face à ce camouflet, les conseillers de Pierre Nkurunziza prétendent que son premier mandat ne compte pas puisqu’il a été élu de manière indirecte par le Parlement. Le 25 avril 2015, Pierre Nkurunziza annonce qu'il se présente à l'élection présidentielle, pour un troisième mandat consécutif. Dès le lendemain, la jeunesse descend dans les rues de Bujumbura, pour dire « non » au troisième mandat. La police et la milice pro-gouvernementale « Imbonerakure » répriment. C’est le début des exactions : manifestants tués par balles, torturés, menacés… Tous les partis d’opposition comme la très grande majorité des organisations de la société civile appellent à la mobilisation citoyenne pacifique pour faire échouer cette dérive totalitaire. Conscient de la vitalité de la société civile dans ce combat pour le respect des Accords d’Arusha, le régime en place s’engage dans une politique d’affaiblissement délibéré de cette société civile. Il profite de l’échec du coup d’Etat du 13 mai 2015 et de la chasse aux militaires dissidents pour décimer la plupart des médias indépendants. La quasi-totalité des défenseurs des droits de l’homme sont contraints de quitter le pays. Face à cette dérive, la communauté internationale ne réussit pas à s’accorder sur les mesures à prendre pour arrêter Pierre Nkurunziza dans sa fuite en avant. Le scrutin présidentiel se tient le 21 juillet 2015. Le 20 août, Pierre Nkurunziza est investi pour un nouveau mandat. Petit à petit, les manifestants pacifiques écrasés par la répression sanglante quittent la rue et laissent la place à ceux qui ont des armes et des revendications plus belliqueuses contre le régime répressif. La violence augmente encore : assassinats ciblés, arrestations et tortures de détenus, attentats à la grenades etc. Après environ deux années de conflit de basse intensité, le régime, à force de répression et d’un contrôle draconien du territoire et de la société, réussi à circonscrire la menace militaire armée. Mais à quel prix ? Le pays est économiquement exsangue. Il n’existe plus de société civile indépendante. Une partie importante de la population vit dans la peur : environ 400 000 Burundais ont fui le pays.
Vous pouvez agir en sa faveur en envoyant cette lettre.