Asia Bibi : l’audience devant la Cour suprême de nouveau reportée
Le procès en appel de la Pakistanaise chrétienne Asia Bibi, condamnée à la peine de mort pour blasphème, a été de nouveau reporté jeudi 13 octobre.
À la suite d’une dispute avec des femmes musulmanes de son village, en 2009, cette mère de cinq enfants avait été accusée d’insultes envers le prophète Mahomet. Condamnée à mort en 2010, son recours en appel avait été rejeté en 2014. Ses avocats avaient alors saisi la Cour suprême. L’audience a été reportée à plusieurs reprises en raison des tensions autour du procès.
Un des trois magistrats de la Cour suprême s’est récusé en invoquant un conflit d’intérêt. Il a rappelé qu’il avait déjà jugé le meurtrier de Salman Taseer, gouverneur du Pendjab, assassiné en 2011 après avoir pris position en faveur d’Asia Bibi.
Depuis 2014, non seulement les exécutions capitales ont repris au Pakistan, mais elles s’enchaînent. 418 depuis décembre 2014, plaçant le pays au 3e rang mondial pour le nombre de condamnés à mort exécutés. Avec plus de 8200 détenus dans le couloir de la mort, l’État pakistanais détient un record mondial.
Les lois sur le blasphème ont été adoptées au cours des années 80. L’usage de remarques désobligeantes envers des personnes révérées par l’islam (article 295-A du code pénal pakistanais), la profanation du Coran (article 295-B), la profanation du nom du prophète Mahomet (article 295-C), sont des infractions passibles de la peine de mort. Le cas d’Asia Bibi est devenu emblématique des dérives de la loi réprimant le blasphème au Pakistan, souvent instrumentalisée pour régler des conflits personnels, et se soldant parfois par des assassinats de musulmans et de membres de minorités religieuses, sans que la police ne prenne de mesure pour les protéger. Asia Bibi est la première femme à être condamnée à mort au Pakistan en vertu des lois sur le blasphème.