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« Il attend chaque matin qu’on lui annonce sa pendaison »
Hakamada Iwao a été condamné à mort au Japon en 1968. Pendant 46 ans, il s’est demandé, en se levant le matin, si son tour était venu. Si le jour qui se levait allait-être celui de son exécution. Au Japon, les détenus des couloirs de la mort ne sont informés du moment de leur exécution que quelques heures auparavant. Leurs familles et leurs avocats ne sont prévenus qu’après la pendaison. Soi disant pour respecter leur intimité et diminuer leur stress.
En réalité, l’insuportable angoisse quotidienne et la souffrance causée par des conditions de détention extrêmement dures entraînent très souvent chez les condamnés à mort un déséquilibre mental. Ils deviennent suicidaires, délirants et déments. C’est le syndrome dit du couloir de la mort.
Arrêté en 1966, Hakamada Iwao a été condamné en 1968 à la pendaison, au terme d’un procès inique, pour le meurtre de son patron, de l’épouse de celui-ci et de leurs deux enfants. Sa sœur s’est battue pour qu’il soit rejugé et innocenté repoussant ainsi son exécution tant que la procédure n’était pas terminée. Une exécution dépend également du seul pouvoir discrétionnaire du ministre de la Justice qui donne l’ordre à son gré. Depuis l’arrivée du gouvernement Shinzo Abe au pouvoir en décembre 2012, 11 exécutions ont été prononcées. 126 condamnés attendent dans le couloir de la mort.
La santé mentale d’Hakamada Iwao s’est rapidement dégradée. Sa sœur reçoit de sa part des courriers quotidiens et constate que ses propos deviennent rapidement étranges et incohérents. Hakamada Iwao perd progressivement son discernement et refuse toute visite pendant douze ans. Il faut attendre 2008 pour qu’il bénéficie d’un examen médical indépendant qui conclut qu’il souffre d’une maladie mentale. Même si le droit japonais interdit l’exécution des personnes souffrant de troubles mentaux, il reste dans le couloir de la mort sans bénéficier de soins médicaux adaptés. Ce n’est qu’en mars 2014, après 46 ans de détention, qu’il est remis en liberté – il est âgé de 78 ans – et est enfin admis à l’hôpital. Mais Hakamada Iwao n’est pas encore au bout de ses peines.
Il s’est vu accordé le bénéfice d’un nouveau procès en raison des irrégularités constatées lors de son procès en première instance. Une nouvelle bataille à mener après avoir passé près d’un demi-siècle dans l’antichambre de la mort.
Le calvaire quotidien du couloir de la mort
L’isolement complet et prolongé dans lequel sont placés les condamnés à mort au Japon est une forme de torture. Pendant 46 ans, Hakamada Iwao a passé ces journées assis à ne rien faire ou, lorsqu’il en avait l’autorisation, à marcher en rond dans sa cellule. Mouvements qu’il reproduit au quotidien, même s’il est aujourd’hui physiquement sorti de prison. Interdiction de discuter avec des gardiens, aucun contact avec d’autres détenus, très peu de visites autorisées de la famille et de l’avocat (et d’une durée courte 5 à 30 minutes, toujours en présence d’un gardien). Pas de télévision. Très peu de livres. Et pour seule activité autorisée : quelques minutes d’exercice, seul dans une petite cour de la prison, deux fois par semaine.
Abolir la peine de mort
Le Japon doit en finir avec la peine de mort. Une peine intolérable en démocratie.
En attendant, il est urgent que le Japon mette fin à ces terribles conditions de détention aux conséquences humaines dramatiques. Et, tant qu’il ne le fera pas, les autorités japonaises doivent pleinement prendre en compte l’altération de la santé mentale des condamnés à mort et ne pas exécuter des prisonniers qu’ils ont conduit aux portes de la folie.
Lire le Chapitre "Japon" dans le rapport de l'ACAT "Un monde tortionnaire" 2014 pour en savoir plus sur le traitement réservé aux condamnés à mort.