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Jeudi 16 octobre, un tribunal pakistanais a rejeté l'appel d’Asia Bibi, condamnée à la peine de mort par pendaison. En juin 2009, alors qu’elle travaillait aux champs, une dispute a éclaté autour de la religion entre des ouvrières agricoles musulmanes et Asia Bibi, de confession chrétienne. Celle-ci a été arrêtée et accusée d’avoir insulté le prophète Mahomet. Elle a été condamnée à mort en novembre 2010 en application des lois sur le blasphème.
Cette femme de 47 ans, mère de cinq enfants, avait vu son procès en appel constamment reporté ces derniers mois. Lors de l’audience du 16 octobre, le tribunal a rejeté les arguments des avocats d’Asia Bibi faisant état de faux témoignages et de fabrication de fausses accusations. Ils vont présenter un recours devant la Cour Suprême, dernière instance judiciaire au Pakistan.
A la suite de la condamnation à mort d’Asia Bibi en 2010, le Président de la République de l’époque avait annoncé qu'il pourrait la gracier, ce qui avait provoqué de vives réactions au sein de la population. Soucieux de préserver les fragiles équilibres politiques et religieux, il avait alors tempéré ses propos, déclarant attendre la décision de la Haute cour de Lahore.
Cette affaire très emblématique au Pakistan a cristallisé de vives tensions dans le pays concernant la loi interdisant le blasphème, et suscité de vives tensions entre les islamistes et les autorités. Un gouverneur et un ministre ont été assassinés pour avoir publiquement défendu Asia Bibi.
Par l'intermédiaire de la journaliste Anne-Isabelle Tollet, qui a co-écrit le livre "Blasphème" avec la prisonnière, Asia Bibi et sa famille ont lancé un appel à Malala Yousafzai, la jeune Pakistanaise lauréate du prix Nobel de la paix 2014, afin qu'elle relaie la demande de grâce adressée au président pakistanais Mamnoon Hussain.
En savoir plus sur la peine de mort et le blasphème au Pakistan
Le Pakistan respecte un moratoire sur la peine de mort. Aucune exécution n’a eu lieu depuis novembre 2008 au Pakistan, à l'exception d'un soldat condamné en cour martiale. Aucune personne n’a jamais été exécutée pour blasphème.
Pour autant, de nombreuses personnes continuent à être condamnées à mort, notamment pour ce motif.
En 2013, au moins 226 personnes ont été condamnées à mort. Vingt-huit crimes restent passibles de la peine capitale dans la législation pakistanaise (actes terroristes, sabotage, incitation à la haine contre les forces armées, sédition, cyber crime…). Plus de 8 500 personnes se trouvaient sous le coup d'une condamnation à la peine capitale à la fin de l'année 2013. 450 condamnés étaient en attente d'exécution.
Les lois sur le blasphème ont été adoptées au cours des années quatre-vingt pour criminaliser l’usage de remarques désobligeantes envers des personnes révérées par l’islam (article 295-A du code pénal pakistanais), la profanation du Coran (article 295-B), la profanation du nom du prophète Mahomet (article 295-C). Ces dispositions sont formulées en des termes vagues et fréquemment utilisées de manière arbitraire par la police et les autorités judiciaires. Les minorités religieuses comme les musulmans sont la cible d’actes de harcèlement et de persécutions. Les accusations de blasphème se soldent parfois par des assassinats de musulmans et de membres de minorités religieuses, sans que la police ne prenne de mesure pour les protéger.
Le tribunal fédéral a exigé en décembre 2013 que soit appliqué un arrêt rendu en 1991, aux termes duquel le blasphème devait être puni par la peine de mort. Le tribunal a en outre ordonné que le gouvernement supprime la possibilité de condamner les contrevenants à l'emprisonnement à vie, et donc rende la peine capitale obligatoire pour toute personne reconnue coupable de blasphème.
Lire le chapitre Pakistan du rapport « Un monde tortionnaire » de l’ACAT